Ambiance "Un Dîner Presque Parfait" sous cette douce et tranquille période de l'Histoire de France qu'était... l'Occupation allemande. En tous cas, au commencement, c'est ce qui ressort de l'atmosphère bon enfant de cette comédie typiquement style "Au Théâtre Ce Soir", avec ses convives se réunissant chez ce libraire provincial pour l'anniversaire de son épouse. Les bons mots fusent, les petites piques enfantines aussi, les invités arrivent progressivement ; Claude Rich en professeur de philosophie, une femme dont le mari est en camp d'internement, le mal voyant revenu de la Débâcle de 1940, le docteur ravi que les "cocos" soient moins nombreux sur cette Terre, et le bon vivant "Tonton Francis", l'industriel adepte du marché noir et fricotant sans honte aucune avec l'occupant. Tout allait bien, jusqu'à un regrettable incident...
Quel incident ? Oh, trois fois rien... Deux officiers allemands abattus au pied de l'immeuble où se déroule la réception, et la cerise sur le gâteau, pimentée la cerise : le Commandant Kaubach, aimable telle une porte de prison, s'invite dans la soirée et exige que deux otages lui soient livrés, lesquels seront désignés par les convives eux-mêmes, sinon cette fantaisie nationale-socialiste ne serait pas totalement réussie.
Le repas va refroidir, au contraire de l'ambiance dans la pièce où se déroule le dilemme... Qui choisir ? Qui va se sacrifier ? Débute alors un jeu de massacre verbal au sein de tout ce beau petit monde, où les répliques assassines vont côtoyer moments d'hystérie et instants d'un calme résigné.
Adapté d'une pièce de Vahé Katcha de 1960 encore récemment jouée, Christian-Jaque nous propose ici, à l'instar de la célèbre "Traversée de Paris" adaptée de Marcel Aymé par Claude Autant-Lara, une soirée à la fois tragique et d'un humour noir savamment dosé, où excellent vacheries et tromperies en tous genres ; une comédie idéale pour les amateurs du bon cinéma populaire français d'antan, dominée par un Francis Blanche impayable de bonhommie et de veulerie typique de cette époque trouble de l'histoire française, ainsi qu'un Claude Rich qui ne mâche pas ses mots en érudit prenant les évènements avec philosophie.
Peut-être un peu statique, vieillot dans sa mise en scène, un long-métrage de facture somme toute théâtrale mais qui remplit sa fonction de divertissement, illustrant bien les différents comportements de l'espèce humaine face à une situation anxiogène et un choix douloureux et difficile à entreprendre.