Enfin, enfin ! EN-FIN !! Je l’ai trouvé, je l’ai acheté, elle est entre mes mains, ça y est !!! Après moult recherches dans les bacs à soldes et autres Cash Converters, je suis enfin en possession du Graal de tous les amateurs de cinéma horrifique, la première de mes grandes expériences dans le domaine du cinéma extrême va enfin bientôt se déclencher.


D’abord, un peu d’histoire : entre 1974 et 1982, la France faisait subir à certains films d’horreur une interdiction de leur exploitation en salles, du fait de leur caractère hautement subversif ; cela fut le cas pour par exemple pour Zombie de George A. Romero et Maniac de William Lustig, aujourd’hui considérés comme deux chef-d’oeuvres du genre mais largement vilipendés par la critique de l’époque. Le cas du long-métrage qui nous intéresse est beaucoup plus rocambolesque : après une projection mémorable lors du Festival de Cannes de 1974 lors de la Quinzaine des Réalisateurs, la commission de contrôle interdit la sortie du film après une semaine d’exploitation en salles, pour finalement être autorisée en 1982 par le Ministère de la Culture, présidé alors par le socialiste Jack Lang, lequel sortira également du purgatoire d’autres films tels Evil Dead, Maniac, Zombie ou bien encore Mad Max (toutefois ornés tous d’une interdiction aux moins de 18 ans).


Seulement, avant l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand en 1981, tous ces longs-métrages ont été exhumés grâce à un homme, un distributeur capital dans la découverte de ces trésors de cinéphilie : René Château, éditeur vidéo spécialiste des films du patrimoine français (la collection « La Mémoire du Cinéma ») et associé de Jean-Paul Belmondo pendant quinze ans, qui réussit à contourner la censure giscardienne de la seconde moitié des années 1970 en distribuant toute cette famille de longs-métrages interdits d’exploitation, c’est la mythique collection de VHS « Les films que vous ne verrez jamais à la télévision »


Aujourd’hui, ces VHS sont devenues mythiques pour tous les amateurs et collectionneurs dans le domaine du cinéma d’horreur, car elles rappellent avec nostalgie cette époque du début des années 1980 : l’arrivée du magnétoscope, de la VHS, et l’excitation de posséder entre ses mains l’un de ces objets, considérés alors comme le Graal, l’interdit, la subversion absolue ! Bien évidemment, tout cela est terminé, mais n’empêche que lors de mon arrivée à l’adolescence, il était assez compliqué de voir ces films : le DVD en était encore à ses balbutiements, les films ne passaient pas à la télévision du fait de leur interdiction aux moins de 18 ans, et ce n’était pas le genre de films que l’on trouvait n’importe où… La vente d’occase par Internet n’étant pas encore généralisée, il a fallu traquer les boutiques remplies de VHS à bon marché pour dénicher ces merveilles.


Donc, quelle ne fut pas ma joie immense de dénicher enfin l’un des exemplaires de ce n°1 des « films que vous ne verrez jamais à la télévision » ! En plus, ce long-métrage était considéré comme l’un des sommets du genre, un monument d’extrême et de sauvagerie à voir impérativement… Bien évidemment, au bout des 80-85 minutes de métrage, le constat s’est imposé : ce n’est pas seulement un sommet du gore (le film l’étant très peu, malgré sa réputation) mais tout simplement un chef-d’oeuvre, un immense objet sensoriel et viscéral, que l’on n’oublie jamais vraiment.


Disons-le tout de go : ce n’est pas une expérience comme les autres, ce n’est pas un film d’horreur, mais un film SUR l’horreur, sur la part la plus sombre de l’être humain. Une véritable expérience cinématographique, à l’ambiance poisseuse, sale, où le soleil, la chaleur sont omniprésents. L’image est crade, le film ayant été tourné avec peu de moyens, en pellicule 16mm. Un film qui nous démontre, également, jusqu’où l’âme humaine peut sombrer dans la folie, en filmant une jeune héroïne (Marilyn Burns – notre hommage) hurle, crie littéralement durant tout le dernier tiers du métrage (elle frise réellement la crise d’hystérie durant le tournage). Le son est également très important, de part la musique industrielle et expérimentale de Wayne Bell et Tobe Hooper.


Le tout culmine dans un final dantesque, l’une des scènes finales les plus folles, les plus incroyables que votre serviteur n’ait jamais connu dans son parcours cinéphile, un climax où le spectateur est poussé dans ses derniers retranchements, avant un soudain cut au noir qui nous laisse pantois, chancelant, essoufflé par tant de fureur et de folie.


Ce qui ne devait être qu’un petit film d’exploitation comme l’on produisait beaucoup dans les années 1970 aux Etats-Unis, est aujourd’hui devenu un des plus grands films d’horreur de tous les temps, dans la continuité du classique Psychose d’Alfred Hitchcock et annonçant une déclinaison du genre qui fera recette dans les années 1980 : le « slasher », immortalisé par Halloween de John Carpenter ou Vendredi 13.


Après avoir connu la censure dans plusieurs pays européens (la Finlande jusqu’en 1996 ou le Royaume-Uni en 1999), le film est désormais reconnu comme un classique, et a même fait l’objet d’un hommage au Festival de Cannes en 2014, à l’occasion de son quarantième anniversaire. Le film bénéficiera également d’une ressortie salles et DVD/Blu-ray avec un ré-étalonnage des couleurs et du son. Alors, puisque l’occasion vous est maintenant offerte de découvrir ce véritable chef-d’oeuvre du 7ème Art dans des conditions idéales, n’hésitez plus !


Texte à retrouver sur Critique-Film
http://www.critique-film.fr/back-to-the-past-8/

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le 19 août 2016

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David Huriot

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