Au nom du frère
Sorti un an et demi après Le Brigand bien-aimé, Le Retour de Frank James en est la suite directe. La scène d'ouverture reprend d'ailleurs la scène finale du précédent, celle où Jesse James,...
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le 12 mai 2017
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Je poursuis mon visionnage de la filmographie de Fritz Lang : au tour du Retour de Frank James donc.
Cas intéressant, en tous cas qui pourrait paraître paradoxal : autant je trouve que cette suite au Brigand bien-aimé (Henry King et Irving Cummings) s'en tire globalement moins bien, autant j'ai bien plus pris mon pied devant.
En fait, je pense que ça vient du fait que la suite n'est plus tant un western que ça (pour rappel, je ne suis pas fan du genre), je la perçois davantage comme une sorte de film de superhéros, voir un vigilante, que comme un western pur et dur.
Le duo formé par Frank James et Clem (insupportable et introduit n'importe comment, mais on va dire que ce n'est pas si grave que ça vu qu'il meurt) m'a curieusement fait penser à un Batman & Robin (la version de Schumacher par contre) : Frank reprenant les armes dans le seul but de rétablir la justice là où Clem agit surtout comme un boulet qui veut montrer qu'il en a aussi dans le caleçon. Les exemples ne s'arrêtent pas là : tel Clark Kent, Frank James se permet d'errer dans les villes sans changer d'apparence (et encore, lui, il ne porte pas de lunettes), il ne tue personne (concernant ses deux cibles, la première tombe d'elle-même dans un ravin là où la seconde se suicide). Dernier exemple, la scène du théâtre (très Langienne) nous présente un Henry Fonda, debout dans une loge, préférant effrayer les frères Ford plutôt que de les assassiner le plus rapidement possible… pas pour rien que ça m'a fait penser à Batman.
Là où le long me fait davantage penser à un Batman & Robin, c'est à cause de son humour. En effet, le film se veut être drôle : est-ce qu'il y arrive ?… pas vraiment non. Les scènes avec le personnage de Pinky (Ernest Whitman) sont horriblement lourdes ! Franchement, je ne comprends pas comment un réalisateur qui a fui la persécution en Allemagne a pu s'adonner à autant de clichés sur les noirs, on dirait un film pro-sudiste (sans parler des propos du personnage de Henry Hull, eux aussi pro-sudistes). Pinky est présenté comme le dernier des benêts, incapable de comprendre ce qu'on lui demande, qui se met à chanter du blues sans raison… bref, merci, mais non merci. La scène du procès à la fin est heureusement moins pire, mais s'éternise beaucoup trop. Franchement, perdre 15 minutes dans un film qui n'en fait qu'une 1h30… je voulais juste que ça se termine.
Je suppose que c'est inutile de préciser que le film se torche le cul avec la réalité du coup ? Ce n'était déjà pas le cas avec le premier, vu ce que je viens d'indiquer, je pense que vous n'avez pas trop de doutes sur ça.
J'ai indiqué plus haut que la scène du théâtre était très Langienne. Alors, bien que ce soit le cas, force est de constater que ce n'est pas non plus le film dans lequel on sent le plus la patte du réalisateur… de toute façon, je crois que c'est le cas pour la plupart de ses films tournés aux États-Unis. Il n'a par exemple pas travaillé sur le scénario, s'étant contenté de réécrire certains dialogues, et bien que la présence d'un personnage féminin fort est en parfaite adéquation avec ce qu'il a pu réaliser par le passé, il n'a ni créé ni travailler sur le personnage.
Ma foi, pour recouper avec ma comparaison aux films de superhéros, comme l'a fait remarquer Darryl Zanuck, l'un des producteurs du film, prendre un réalisateur européen pour tourner un film tiré d'un genre purement américain a permis de montrer ce qu'aucun américain n'aurait pu tourner ou montrer, sans parler du fait que les thèmes principaux du film, à savoir la justice et la vengeance, restent, eux aussi, très Langien.
La réalisation est plutôt sommaire par contre, pour du Fritz Lang en tout cas : ce n'est pas moche ni mal filmé, mais rien de bien marquant : on est loin derrière M le maudit, Le Testament du docteur Mabuse ou encore Furie (afin de comparer avec un film tourné durant sa période aux US)… quoique la scène de course-poursuite en chevaux, avec ses plans de près, a très mal vieilli tant ça sonne faux par moment. Heureusement, mis à part ces plans lors de la scène de course-poursuite, le technicolor a permis au film de plutôt bien prendre de l'âge, surtout que les décors ont quand même de la gueule.
Enfin, est-ce bien utile de préciser que Lang a été une fois de plus odieux avec ses acteurs ? Pour l'anecdote, Henry Fonda ne voulait plus travailler avec lui après J'ai le droit de vivre, le réalisateur dut s'excuser auprès de lui pour pouvoir débuter le tournage. Quant à Gene Tierney, il s'est montré affreux avec elle, l'insultant à plusieurs reprises, et lui faisant méchamment remarquer que l'actrice avait tendance à laisser la bouche ouverte lors de ses scènes.
Bref, un film globalement sympathique, un western pour ceux qui n'aiment pas les westerns. Pas le meilleur film de Lang durant sa période US, ni son meilleur western paraît-il (Le Retour de Frank James étant le premier des trois films de ce genre qu'il réalisera), mais ça ne va pas pour autant à l'encontre de ce qu'il a pu réaliser par le passé. Reste tout de même des scènes plus orientées comédies qui, soient se révèlent être très cringes, soient beaucoup trop longues pour ce qu'elles ont à raconter. C'est dommage, parce que sans ça, j'aurais bien plus apprécié le film je pense.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films des années 1940, Mon année 2023 en Films (liste commentée), Les meilleurs films de Fritz Lang et Les meilleurs films avec Henry Fonda
Créée
le 22 sept. 2023
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