Aladdin n'aura malheureusement pas fait que du bien à Disney. Voyant l'énorme potentiel économique du long-métrage de John Musker et Ron Clements, Walt Disney Television Animation entame la production d'une série afin de surfer sur le succès du voleur préféré des enfants. Chargé de réaliser le pilote, Tad Stones fait une proposition, que l'épisode spécial devant introduire les téléspectateurs à la série sorte finalement en vidéo. Le bonhomme ne le sait pas mais, par cette décision, il va déclencher la période la plus noire jamais vécue au sein des Studios Disney: L'ère des suites vidéo aux Grands Classiques.
Le Retour de Jafar devient donc la première suite d'un Grand Classique à sortir directement en vidéo. Et qu'on le considère comme une suite ou comme un pilote, c'est raté.
Bien évidemment, format de série oblige, l'animation est tout simplement pitoyable.
Entre les rues d'Agrabah totalement désertes, le Palais du Sultan dénué de la moindre présence de vie, des faux raccords impardonnables (les sourcils du Sultan qui disparaissent puis réapparaissent, des changements de couleur etc...) et le menton du Génie qui a triplé en volume, le spectateur pleure devant autant de fainéantise.
La série étant destinée avant tout aux enfants, les scénaristes ont préféré rendre le ton d'Aladdin encore plus familial qu'il ne l'est déjà.
Alors bien sûr on peut faire un dessin animé enfantin qui reste agréable et pas trop insultant envers notre intelligence mais quand on en vient au Génie qui demande au Sultan ce qu'est un Grand Vizir, c'est que la situation est grave.
Autre énorme problème, ce pilote ne devrait pas s'appeler Le Retour de Jafar mais Le Retour de Iago.
Car ne nous trompons pas, c'est ce perroquet le véritable héros du film qui va évoluer au fil de l'"aventure" (j'insiste sur les guillemets).
Dit comme ça, pas une mauvaise idée de vouloir montrer une autre facette d'un personnage vu jusqu'à présent comme un méchant unidimensionnel mais ceux qui me connaissent le savent, je n'étais déjà pas fan de Iago dans le premier film mais alors ici ce piaf de malheur est insupportable à tous les niveaux!
Bizarrement, ce n'est pas Éric Metayer qui le redouble dans cette suite mais Philippe Videcoq. Bon point: Leurs voix sont quasiment similaires. Mauvais point; J'ai bien dit quasiment car lors des chansons, sa voix est horripilante!
Les chansons sont d'ailleurs totalement fades, difficile de passer après Alan Menken mais tout de même, on pouvait pas faire un minimum d'effort? La seule bonne chanson du film est la reprise de Nuits d'Arabie qui figurait déjà dans le premier volet et qui deviendra la musique d'ouverture de la série.
Et que dire du rythme du film inutilement allongé pour pouvoir durer une heure. Il faut attendre le dernier quart d'heure pour que Jafar passe à l'action et que c'est looooooong.
Les 45 autres minutes ne sont que du remplissage inutile où il ne se passe rien et où le spectateur constate avec horreur que les personnages géniaux du premier ne sont plus que l'ombre d'eux-même, Aladdin et Jasmine étant transparents comme jamais, le Génie lourdingue et Jafar perdant toute sa classe.
La blague prendra fin dans la dernière minute où on se rendra compte qu'on a dû supporter cette horreur juste pour qu'Aladdin veuille explorer le monde. Ça lui est venu comme ça, il n'a jamais évoqué cette envie de tout le film mais Eh! Faut bien indiquer aux jeunes que la série arrive!
Avec un budget ridicule d'à peine 5 millions de $, Le Retour de Jafar sera un succès colossal pour les ventes en VHS en devenant même la vidéo la plus vendue de 1994!
Son succès incitera Michael Eisner a dire définitivement non au bon sens et à lancer le développement d'autres DTV faisant suite aux Classiques Disney. Une ère infernale s'apprête à commencer.
Le Retour de Jafar résumera très bien la qualité de ces futurs films. Histoire inexistante remplie d'incohérences, animation affreuse, bande-originale insipide, cette suite à Aladdin est à oublier. Une purge.