J'avais quitté Disney à la sortie d'une séance où il s'était méchamment Cassé la gueule (et une Noisette au passage) dans Quatre Royaumes en mode small teuf.


J'attendais donc qu'il termine en beauté 2018 en faisant revenir à la vie une de ses plus grandes icônes live, une nounou d'enfer d'après mes souvenirs. Quand de plus elle empruntait le ravissant visage et les grands yeux clairs d'Emily Blunt, le coeur du masqué chavirait déjà.


S'il avait su qu'en 2018, la médecine aurait du mal à couler...


Pourtant, Le Retour de Mary Poppins met en confiance dès son générique, où les merveilleux dessins de Peter Ellenshaw défilent et enchantent l'écran. Comme il aligne quelques séquences de rêves où Mary et les enfants Banks s'évadent. Et l'on se dit parfois que le film renoue avec son aînée, même si l'animation est moins chatoyante et plus lourde dans sa signifiance.


On se souvient de l'arrivée de son personnage vedette sur un cerf volant, et puis...


C'est à peu près tout. Et encore. Car le déroulement de cette suite estampillée 2018 semble vissé sur les rails du scénario naïf, où les gamins ne sont pas très attachants, où le méchant est très vilain, où un Banks senior a perdu son âme d'enfant et où une histoire d'amour béta se dessine et prend trop de place.


Le pire, là dedans, c'est que Disney avait entre ses mains la plupart des éléments de sa recette, sauf qu'il a la main lourde sur le dosage en ajoutant à la chantilly d'origine une meringue trop sucrée et la crème de marron de niaiserie qui tue littéralement toute les autres saveurs du film.


Alors même que, sur un motif similaire, Jean-Christophe et Winnie avait saisi sur la pellicule avec une certaine grâce toute la mélancolie de l'enfance qui passe, ainsi que la candeur d'un ours en peluche décalé qui ne saisit pas grand chose au monde qui l'entoure. Le Retour de Mary Poppins, lui, est presque totalement dépourvu de la magie d'origine du projet. Exceptée une visite chez une cousine sans dessus-dessous et une excursion sous-marine agréable, L'oeuvre peine tout simplement à décoller, à renouer avec la légèreté aérienne de son modèle.


Au point de sentir Le Retour de Mary Poppins obligé. Obligé de proposer un numéro musical boursouflé parce qu'il en faut, sans pour autant en faire avancer le scénario. Obligé de surligner les résonances entre le rêve et la triste réalité capitalistico-pas bien. Obligé de chanter sans pour autant investir un air qui survivrait à la fin de la séance.


Le spectacle proposé est loin d'être désagréable, je le reconnais. Le masqué ne s'est pas ennuyé. Mais bon dieu, parle-t-on de Mary Poppins, l'icône d'enfance de beaucoup, ou bien de quelqu'un qui lui ressemble évoluant dans un spectacle de consommation courante, mais qui est totalement dénué de magie, et ce malgré la beauté de ses traits ?


Le pire, c'est que le film se tire inconsciemment une balle dans le pied quand il fait dire à l"un de ses guests sortis de nulle part, comme lors du final nunuche et qui s'étire, que les adultes ne se souviendront plus de rien dès le lendemain matin.


Car, au grand désarroi de Behind, cette constatation est on ne peut plus vrai. Alors qu'un dernier hoquet de ce qu'on vend pour de la magie fait s'envoler les héros et laisse le vilain réapparaître gratuitement pour enfoncer le fait qu'il est vilain, on ne se souvient déjà plus avec précision de ce que l'on a vu. Pire, on ne se souvient d'aucune nouvelle chanson, ni d'aucun numéro musical un tant soit peu inspiré.


Problématique pour un film misant sur la magie de l'enfance.


Pas sûr que même toute une boîte de sucre Beghin Say aidera la médecine à couler en 2018.


C'est pas supercalifragilistic tout ça...


Behind_the_Mask, une nounou (pas très) d'enfer.

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le 22 déc. 2018

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