Le premier volet "Doctor X" du diptyque autour de la personnalité du docteur Xavier, sorti en 1932, annonçait déjà la couleur et peinait vraiment à convaincre dans le registre de l'horreur croisée à la science-fiction qu'il entendait débroussailler. Sept ans plus tard, ce n'est plus Michael Curtiz mais Vincent Sherman qui poursuit les aventures en délaissant la couleur — seule bonne chose là-dedans, tellement cette colorisation approximative hideuse avait laissé d'horribles souvenirs. Et le résultat est franchement du même acabit, particulièrement rudimentaire dans son intrigue, éventé dans son mystère, et cabotin dans son interprétation. Le personnage principal, un jeune journaliste censé incarner la passion de son métier et la candeur du néophyte, est sans doute le condensé de ce qui ne va pas dans le film, avec ses attitudes improbables quand il découvre un cadavre, quand il est charmé par une femme, quand il découvre qu'une personne n'est pas morte... En tous cas, il est censé porter sur ses épaules l'investigation autour d'une série de meurtres étranges, avec des personnes mortes qui apparemment ne le sont plus et une bien peu passionnante affaire de sang synthétique. Pour peu qu'on ait vu le film de 1932, "The Return of Doctor X" peut faire l'effet d'un puissant somnifère.
Le mélange des genres est extrêmement mal géré, que ce soit autour de l'enquête (horreur et proto-film noir) ou des expérimentations scientifiques (horreur et science-fiction), avec en prime une surcouche de comédie qui enveloppe l'ensemble d'un voile particulièrement disgracieux. Les cinq dernières minutes sont à ce titre tout à fait improbables, à la suite de la découverte du grand mystère et de la résolution de l'affaire horrible, on nous sort une séquence hors sujet dans laquelle le héros qui aspirait à l'indépendance après s'être fait malmener par son patron pendant tout le film signe finalement son contrat après être entré en contact visuel avec la nouvelle secrétaire de ce dernier. Le plus gênant tient sans doute au rôle de Humphrey Bogart, visiblement pas encore au sommet de sa carrière, dans le rôle d'un docteur (avec sa mèche blanche sur-signifiante) qui ne le lui convient radicalement pas. Un joli condensé de maladresse.