La triple alliance
Pour commencer, remercions comme promis Guyness qui m’a fait me rendre compte que parmi les bonus de mes DVD, désignées en petits caractères sur la jaquette, comme honteusement, se trouvent...
Par
le 6 juin 2013
76 j'aime
61
Je ne le dis pas depuis le début de mon cycle, mais je n’ai sous la main que les versions en HD revisitées par le grand despote Lucas.
Oui, je sais, c’est horrible.
Mais très pédagogique : dès l’épisode IV, j’en ai parlé aux enfants, et ils s’amusent à repérer les incrustations numériques, qui sont repérables à 100 kms. Ça leur fait un cours d’esthétique, et ils comprennent avec une pertinence rare à quel point le mélange des époques est malheureux. Sans même évoquer l’incrustation de l’endive au plan final ou de l’épilation d’Anakin sans son casque, Lucas a quand même opéré un véritable viol révisionniste de la vision d’une génération entière. Ajouter de la laideur à ce point chez Jabba par de nouvelles créatures est une hérésie, mais c’est surtout ce bec incrusté dans le trou qui digère pendant mille ans, un des petits frissons de mon enfance, que je ne lui pardonne pas.
Après l’Empire contre-attaque, l’épisode VI n’a qu’un véritable intérêt : conclure les retrouvailles père-fils et déterminer qui basculera du côté de l’autre, le tout motivé par la grande figure du mal tant évoquée mais si peu vue, l’Empereur. De ce point de vue, les échanges sont intéressants (bien que terriblement répétitifs sur le plan verbal, des phrases comme « tu sous-estimes le pouvoir du côté obscur de la Force » revenant toutes les cinq minutes) et le décor architectural final à la hauteur de celui qui clôturait l’épisode V.
Le retour tant attendu de Luke chez Yoda s’évente : en fait, ok, t’es prêt, j’en veux pour preuve ta sagesse devant les méchants chez Jabba, en posture de moine aussi crédible que dans une pub pour bière trappiste.
Le reste apporte certes une complémentarité, celle de la forêt par rapport au sable, à l’espace et à la neige des décors majeurs précédents. Le problème, c’est que les enjeux et les idées sont rigoureusement les mêmes : une scène déviante dans un bar avec danse et muppets (cf. IV), la nécessité de faire exploser la nouvelle Etoile de la Mort (cf. IV), et de bombarder pour cela une générateur qui protège au sol (cf. V, même si le générateur était ici au profit des rebelles).
Tout de même, soyons sérieux, ce n’est pas comme si les créateurs étaient tributaires d’une trame à adapter d’un roman à ne pas trop trahir : ils n’avaient pour seule limite que leur imagination.
L’évolution est à voir du côté du rythme, qui se densifie, comme l’atteste la double séquence en alternance entre la guerre en orbite et celle au sol, forêt et cosmos, qui fonctionne assez bien.
Ah oui, autre chose que je dois vous confesser : j’ai dû le voir en VF, à cause des enfants, toujours eux, je vous jure, c’est pas demain que je leur montrerai du Kurosawa à ces salopiots.
Et ça rend le jeu d’Harrisson Ford assez insupportable, en fait. Et de Leïa. (Luke, je crois qu’il est mauvais en VO aussi, et j’irai pas revérifier de sitôt).
Et puis les Ewoks. Je ne vais pas m’étendre, d’ailleurs, les enfants ont ri, j’ai d’abord eu honte pour eux, puis pour moi de mépriser mes propres enfants, en me disant que finalement, Lucas était un excellent vendeur et que je devais faire avec. Au remplissage et à l’humour pour moins de cinq ans s’ajoute une vision très aborigène des peluches, que ce soit par leur costumes, leur idiome ou leurs accessoires ; qui génère un regard de colon attendri sur ces indigènes un peu cons (ah ah, ils prennent ce qui est doré pour un Dieu, qu’ils sont primitifs tout de même) et anthropophages qu’on va retourner à sa cause en leur racontant la grandeur de ce qui se passe chez l’homme blanc. Ensuite, à coups de troncs d’arbre, nos pygmées poilus feront le job et nous danserons aux rythmes tribaux de leur musique résolument festive.
Un bilan plutôt amer. Je me rappelle que dans ma prime jeunesse, c’est cet épisode que je préférais : plus d’action, plus d’attente, aussi, et un plaisir à retrouver cet univers.
Que voulez-vous.
Mes enfants ont bien aimé. Je crois que c’est leur épisode préféré. Pour le moment.
Pfff.
Maintenant, j’attends de nous faire subir l’épreuve de l’episode I.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Blockbuster, Science Fiction, J'ai un alibi : j'accompagnais les enfants., Vus en 2014 et Revoyons Star Wars
Créée
le 22 nov. 2014
Critique lue 2.5K fois
71 j'aime
27 commentaires
D'autres avis sur Le Retour du Jedi
Pour commencer, remercions comme promis Guyness qui m’a fait me rendre compte que parmi les bonus de mes DVD, désignées en petits caractères sur la jaquette, comme honteusement, se trouvent...
Par
le 6 juin 2013
76 j'aime
61
Je ne le dis pas depuis le début de mon cycle, mais je n’ai sous la main que les versions en HD revisitées par le grand despote Lucas. Oui, je sais, c’est horrible. Mais très pédagogique : dès...
le 22 nov. 2014
71 j'aime
27
Etant gamin, il apparaissait clairement que "Le retour du jedi" était le meilleur épisode de la trilogie "Star Wars". Pourquoi ? Parce que le film était tout simplement rempli de monstres jusqu'à la...
Par
le 22 févr. 2014
62 j'aime
17
Du même critique
Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...
le 6 déc. 2014
774 j'aime
107
Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...
le 14 août 2019
715 j'aime
55
La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...
le 30 mars 2014
618 j'aime
53