La chute de l'empire galactique.

Etant gamin, il apparaissait clairement que "Le retour du jedi" était le meilleur épisode de la trilogie "Star Wars". Pourquoi ? Parce que le film était tout simplement rempli de monstres jusqu'à la gueule, offrant à mes petites yeux verts (marrons les jours de pluie et gris en plein soleil) du Rancor, du Sarlac, de l'Ewok et surtout du Jabba the Hutt. Puis j'ai grandis et j'ai atteins l'illumination. Non, "Le retour du jedi" n'est finalement pas le meilleur "Star wars" mais bien le plus faible de la trilogie initiale.

Confié cette fois au docile Richard Marquand (les rapports entre Lucas et Kershner n'auraient pas été au beau fixe), "Le retour du jedi" fonctionne du tonnerre tout le long de sa gigantesque introduction. Après tant d'années à se demander à quoi pouvait ressembler ce connard de Jabba le forestier (j'étais convaincu qu'il ressemblait à n'importe quel marchand de bétail et portait une peau de bête et un bonnet à la Davy Crockett), Lucas et son équipe nous le dévoilait enfin dans toute sa splendeur cauchemardesque. Non, Jabba n'était pas humain. Non, Jabba n'habitait pas dans une forêt et non, il ne portait pas un castor sur la tête. Depuis le début, Jabba était une putain de grosse larve baveuse et véreuse, un putain de gros glaire, du genre jaune et bien compact. Un suspense mille fois récompensé que Lucas aura d'ailleurs sabordé dans les grandes largeurs au cours d'éditions spéciales dévoilant le bestiau dès le premier épisode.

L'introduction envoie donc du pâté, résolvant les problèmes laissés en suspens lors de l'épisode précédent avec une belle efficacité, éveillant de plus nos plus bas instincts par le biais du mythique bikini doré de la princesse Leïa qui lui allait plutôt bien. Puis les choses se gâtent, le récit tombant dans une platitude navrante, à l'image de révélations amenés avec la majesté d'un wookie en tutu, bien loin du choc de "L'empire contre-attaque".

Vient ensuite le cas Ewok. Personnellement, je n'ai absolument rien contre eux. Ils sont mignons et me rappellent feu ma grand-mère. Le problème des Ewoks n'est pas leur présence dans le grand échiquier qu'est "Star Wars". Le problème est ce qu'ils viennent véritablement foutre là, au moment le plus important de la saga. Passe encore que nos héros se fassent gentiment kidnappés par des nains poilus. Mais que le puissant empire galactique se fasse botter le cul par une armée d'ours en peluche, ça me pose déjà plus de soucis. Il aurait été question de wookies à la rigueur...

Heureusement, à côté de rebondissements peu palpitants et de cette ignominie dramaturgique, viennent se greffer des séquences absolument grandioses dignes du meilleur de la saga, à l'image de cette poursuite démente en speeder, de la bataille intergalactique ou encore de l'affrontement entre Luke et son Vader de père, moment absolument bouleversant renforcé par le score magnifique de John Williams.

George Lucas n'aura finalement pas attendu l'ignoble "Menace fantôme" pour aller voir ce qu'il se tramait du côté obscur de l'entertainement, concluant de plus sa trilogie sur un happy end à la masse, filmant une victoire tout de même historique comme un vulgaire pot de départ, voir un happy new year dans le nouveau montage. Mais malgré ses énormes défauts, "Le retour du jedi" conserve un charme incroyable que n'aura jamais la prélogie, celle du carton pâte, du papier maché, du Harrison Ford et du Phil Tippett.