L'action est censée se dérouler en 467 après J.-C. Rome, en proie à la dégénérescence de ses institutions, est victime des attaques répétées des peuples barbares qui se pressent à toutes ses frontières et se replie sur l'Italie, abandonnant peu à peu toutes ses anciennes colonies à leur sort. Lors des conquêtes menées dans l’est de l’Europe, ils ont incorporé des cavaliers Sarmates, réputés pour leur bravoure et leur art du combat, leur promettant de les libérer de leurs engagements envers Rome après 15 ans de service. Ces cavaliers sont sous les ordres d'un officier romain, de mère celte, Artorius Castus, dit Arthur (Clive Owen).Le film commence au moment où, ayant accompli leur dernière mission qui consistait à sauver l’évêque Germanus d’une embuscade des Pictes, dont le chef est un certain Merlin, ils attendent qu’on leur délivre le sauf-conduit qui leur permettra de regagner leur lointaine patrie.
L’idée de départ du réalisateur de traiter la légende arthurienne sous un angle historique original était intéressante. Après tout, tout ce que l'on sait d'Arthur et de ses compagnons a été forgé des siècles après les faits, eux-mêmes tellement déformés par la légende et ses multiples interprétations que toutes les adaptations sont a priori possibles.
Encore eut-il fallu que les scénaristes respectent une certaine cohérence. L'introduction des cavaliers Sarmates, bien qu’elle soit peu connue, est historique. Le problème est que le film se base sur une chronologie totalement aberrante : en effet les événements qu'on nous présente ne sont pas contemporains les uns des autres. Il n'y eut en effet jamais d'affrontements directs entre Saxons et Romains, ces derniers ayant déjà quitté l'île des dizaines d'années avant l'invasion saxonne. Ce n'est qu'une des nombreuses âneries de ce film. Ce ne serait pas grave si le réalisateur ne le présentait comme un film "historique".
Sur le plan technique, le film n'a pas lésiné sur les moyens : tournage en paysages naturels (quelques superbes vues d'Irlande) et, nettement moins réussi, construction d'un « faux » mur d'Hadrien (et cela se voit !). C’est d’autant plus inconcevable que le vrai mur d'Hadrien existe encore et qu’il est particulièrement spectaculaire. Quant aux chevaliers d'Arthur, à part une Table Ronde si anachronique qu'on se demande si elle est tombée du ciel, on ne voit pas ce qu'elle fait là si ce n'est pour nous rappeler qu'on a affaire au « vrai » roi Arthur et à ses compagnons, dans le cas peu probable où on l'aurait oublié. Quelques scènes sont spectaculaires : celle du lac gelé (entièrement fabriqué par les décorateurs), quelques beaux paysages, la fuite éperdue des chevaux à la fin... Mais à part cela, on ne ressent aucune émotion (même pas lorsqu'on incinère le corps de Tristan... On ne croit pas une seconde à cette histoire qui s'éternise et dont la fin (le mariage d'Arthur et de Guenièvre au milieu d'un cercle de pierre évoquant vaguement un Stonehenge bas de gamme déplacé en bordure de mer) est d'un ridicule achevé. Bref, pour moi, ce film est un navet complet sans le moindre intérêt (surtout pas "historique" !)