Une production Disney non-animée comme on n'en fait plus trop, me semble-t-il, ou du moins pas à de tels niveaux. Un anthropomorphisme exacerbé dans la quasi-totalité de la narration en voix off, commentant les moindres fait et gestes des animaux comme s'il s'agissait d'êtres humains dotés des mêmes besoins, désirs, aspirations. Un montage à la truelle pour raconter une histoire à partir de simples rushes épars : au bout d'un moment, on finit par s'amuser à recenser les séquences qui unissent l'homme et l'animal (voire même plusieurs animaux différents) dans la même action par la pure fiction du montage alterné, alors qu'on n'y croit pas du tout — avec des yeux contemporains.


Du point de vue "documentaire", il n'y a pas grand chose à en retirer au-delà de la beauté naturelle et la carrure de ces grizzlys. Le moindre déplacement est orchestré par l'homme, pour pêcher du poisson sous nos yeux censés être ébahis, pour descendre des pentes enneigées en mode luge sur des bouts de bois (on croit rêver), pour secouer des arbres afin d'en faire tomber d'autres ours, ou pour faire preuve d'une incroyable intelligence dans le contournement des pièges tendus par l'homme. C'est touchant, dans cette volonté de travestir la réalité de l'état animal comme dans la volonté de faire un portrait respectueux, en donnant par exemple le bon rôle à un Indien-qui-comprend-forcément-la-nature-animale.
Quant à la fiction, c'est encore pire, le récit étant d'une naïveté confondante, ou plutôt d'un ridicule désobligeant. Les intentions attribuées à l'animal, son interaction avec son entourage, faune et flore, et les êtres humains, etc. : tout sonne affreusement faux.


Une curiosité dont la seule valeur est de nous projeter dans la peau d'un éthologue raté et dans l'état d'esprit, vaguement paternaliste, des productions américaines des années 70.

Morrinson
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le 2 nov. 2017

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