Le Roi Lion 2 : L'Honneur de la tribu par Hameçon
Lamentable.
Si le premier film était une adaptation animalière de Hamlet, celui-ci lorgne plus vers Roméo et Juliette.
C'est tout de même la suite du Roi Lion: alors on a droit à des dessins de meilleure facture que les suites habituelles. Les chansons sont aussi un cran au dessus de celles des autres suites et "He Lives in You" aura même l'insigne honneur de réapparaître dans la comédie musicale.
MAIS que l'histoire est plate et fade! Car figurez-vous que Scar, le lion solitaire avait en fait une tribu de lions bien à lui. Des lions laids et plein de griffes, haineux et vivant dans une termitière. Son ex-femme a décidé de se venger en tuant la fille de Simba, Kiara. Et pour cela, elle prépare son fils, Kovu, désigné par Scar comme son successeur pour la sombre besogne. Manque de bol pour elle, Kiara et Kovu vont tomber amoureux! Passons sur les détails de cette histoire mièvre et nulle qui est incroyablement peu inventive et intéressons-nous aux points suivants:
(1) Kovu ressemble vraiment beaucoup à Scar. Dans la version originale du film, il devait être le fils de Scar. Ce qui aurait transformé l'idylle de Kovu et Kiara en une affaire un peu trop incestueuse pour Disney. Résultat, Kovu est le fils de Zira, la femme de Scar, mais pas son fils. C'est donc son beau-fils. Mais le père biologique de Kovu est un lion qui ressemble fichtrement à Scar. Enfin, tout ça est très embrouillé. On sent que le manque de temps passé à développer le film aura eu raison de ces petites incohérences.
(2) Nuka est le demi-frère de Kovu, une sorte de Scar en plus faible. C'est le fils de Zira, et peut être de Scar même si ce n'est pas dit. Mais bon, on sait tous de quoi il en retourne. Bref, Nuka est responsable du pire moment du film: il embrase la savane, en tenant une branche enflammée dans sa gueule. Et c'est nul ça.
Pourquoi? Le Roi Lion a pour immense qualité d'être un film d'animaux. C'est même LE film Disney qui n'inclut aucun être humain (ou animaux humanisés comme Robin des Bois). C'est l'une des raisons pour laquelle ce film dispose d'une ambiance aussi prenante et magistrale (même s'il n'est pas exempt de défauts non plus): on ignore à quelle période se passe le film ce qui lui donne une dimension intemporelle. En mettant cette branche enflammée dans la gueule de Nuka, les auteurs de cette infâme dérivé ont brisé ce dogme. En recourant à cette facilité scénaristique, ils ont également affaibli grandement la portée dramatique de leur film et également celle de celui qui l'a précédé.
(3) Upendi - wow. La chanson de Rafiki est un incroyable ramassis d'idées faibles. Fruits en forme de cœur, animaux chantants, toute la magie du premier film s'évanouit face à ce symbolisme primaire et grossier. Les couleurs criardes qui se veulent un rappel de "Je Voudrais Déjà Être Roi" sont un échec complet. Rafiki n'aurait jamais du chanter.
(4) Les autres chansons sont du même aloi. Ce sont des dialogues chantés, sans introspection aucune. La poésie des chansons du premier s'est évanouie et on se retrouve confrontés à de la soupe musicale, des airs répétitifs et des paroles vraiment peu recherchées.
(5) Le dernier point vraiment minable dans ce film tient à la différence dans les dessins entre les lionnes du clan de Simba et celles du clan de Zira. Les lionnes de Zira sont vilaines, toutes griffes dehors, les machoires retroussées, bref, des lionnes qu'on aimerait pas croiser dans une ruelle sombre tard dans la nuit. Après la mort de Zira, les deux clans se réconcilient, et la différence dans les dessins des deux clans s'estompe aussi vite que le character design des nouvelles avait été trouvé. C'est dire s'il y a eu du travail dans cette suite.
Pour conclure, si vous avez aimé le Roi Lion, passez votre chemin. Vous n'avez pas besoin de retrouver ces personnages que vous avez aimé dans de nouvelles aventures. Contentez-vous du premier épisode, et considérez-le comme l'unique morceau d'une histoire complète.
