Le récit d’une voix.
Ma rencontre avec Sacha Guitry restera un moment particulier. Lorsqu’on se met devant un film de 1936, on a certaines attentes, ou, devrait-on dire, certaines indulgences quant aux limites de l’art...
le 3 déc. 2013
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« Oui, j'étais vivant parce que j'avais volé. De là à en conclure que les autres étaient morts parce qu'ils étaient honnêtes. » Cette citation, que l'on retrouve au début du Roman d'un tricheur de Sacha Guitry, illustre bien le paradoxe présent dans le film. Alors qu'il survit grâce à son vol dans le tiroir-caisse, le narrateur (Sacha Guitry), rédigeant ses mémoires à la terrasse d'un café, raconte comment il deviendra un tricheur et voleur professionnel dans une quête de richesse. L'œuvre de Sacha Guitry, au carrefour entre le cinéma muet et le cinéma parlant, semble marquer un tournant. En adaptant son seul et unique roman, Guitry laisse une profonde empreinte personnelle en utilisant à la perfection la voix off. À l'image de films ultérieurs comme Les Affranchis ou Casino de Scorsese, la voix off crée une véritable dynamique narrative. Elle permet à Guitry d'incarner à la perfection les différents personnages du film, bien qu'il s'agisse uniquement de sa voix tout au long du film (à l'exception de quelques répliques de Marguerite Moreno, qui joue la comtesse). Ce film, symbole de la liberté de mise en scène dans les œuvres de Sacha Guitry (alors jeune metteur en scène), semble également être influencé par son expérience dans le monde du théâtre. Guitry a su s'adapter aux différences propres à la réalisation cinématographique tout en s'appuyant sur sa riche expérience personnelle. Bien que conspué par certains critiques lors de sa sortie en 1936, ce film sera considéré par François Truffaut et Orson Welles comme l'un des très grands films du cinéma français.
Créée
le 3 nov. 2024
Modifiée
le 25 déc. 2024
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