Renard malin...

Il y a quelque chose d'assez fascinant à voir dans ce Roman de Renard. Déjà, on prend plaisir à suivre les mille et unes facéties d'un renard connard qui réussit à duper tout le monde la plupart du temps simplement grâce à de belles paroles (rien qu'au début, on nous sort une allusion à une certaine fable de Jean de La Fontaine mettant en scène un corbeau, un renard et un fromage). Mais surtout, c'est cette faculté qu'ont Ladislas Starewitch et sa fille Irène Starewitch à nous immerger facilement dans un monde créé de toutes pièces.

En ce sens, le travail sur l'animation du film est saisissant. Bien sûr, aux yeux de certains, ça pourra avoir pris un coup de vieux, mais force est de reconnaître que ça fait encore son effet et que le rendu global est formidable. Tout en volume, en stop-motion et en marionnettes, le boulot semble titanesque, aucun détail n'est laissé au hasard. On peut dire même que les Starewitch donnent littéralement vie à leurs marionnettes, et ça fonctionne parfaitement.

Le récit devient ainsi un plaisir à suivre. Le film est d'ailleurs parcouru par une ambiance presque enfantine, ce qui permet aux réalisateurs de bien jouer les contrastes entre les scènes au fond plus sinistre (je rappelle quand même qu'il y a un loup et un chat qui se font battre de façon plutôt violente en soi, sans compter la mort de l'épouse de Chantecler) et les scènes joyeuses voire plutôt cartoonesques. En témoigne la très amusante scène du rêve de Renard.

L'apogée du récit restera ce formidable assaut final du château de Renard, absolument remarquable d'inventivité et de drôlerie où, encore une fois, chaque détail compte et rien n'est laissé au hasard. Je dirais même que je trouve la scène particulièrement épique. La scène est vraiment bien fichue et conclut le film d'une excellente façon.

Le Roman de Renard pêche par moments de son problème de son, qui se montre à plusieurs reprises perfectible, on sent bien que le film a pris un coup de vieux de ce côté. Mais qu'importe. Cette petite merveille, que je soupçonne quand même au passage d'avoir contribué de près ou de loin et bien que ce ne soit pas précisé à l'inspiration d'un certain Fantastic Mr. Fox, reste à découvrir ne serait-ce que pour sa prouesse technique.

Et puis, un film qui montre qu'on peut être un gredin tout en se faisant malgré tout promouvoir par le roi en personne à la fin, ça vaut quand même forcément un coup d’œil.