Le rouleau compresseur et le violon est le dernier film d'études de Andreï Tarkovski. C'est aussi à ma connaissance son dernier court-métrage. Tourné dans les studios MosFilms, c'est également l'oeuvre qui ouvre la voie à ce que sera le cinéma du Russe tout au long de sa carrière. Un cinéma sensoriel, silencieux et où l'intellect prendra une place importante.

Dans ce film de 45 minutes, Tarkovski propose la rencontre entre un ouvrier prolétaire, conducteur de rouleau compresseur, et celle d'un jeune garçonnet, qui joue du violon. La force du film réside dans cette amitié et surtout dans la complicité à l'écran des deux acteurs. Au-delà de cette rencontre, c'est évidemment l'opposition entre l'intellect et le manuel qui est évoquée par Tarkovski. Dans cette métaphore, l'un et l'autre ne peuvent vivre sans l'aide de ce que chacun, dans son domaine, peut apporter. Si le jeune garçonnet apprend la rigueur de la vie, l'homme va l'aider à se battre, va également lui montrer les joies d'un métier manuel. En revanche, le garçon, pourtant assez distrait avec son professeur quand il s'agit de jouer de son instrument, se concentrera et offrira le meilleur à l'ouvrier lors d'une musique qu'il jouera spécialement pour lui.

Outre donc l'importance de l'intellect, on retrouve d'autres spécificités du cinéma de Tarkovski: des plans longs, des caméras souvent en mouvement et de manière audacieuse. C'est aussi une oeuvre qui évoque la guerre et ses horreurs et l'utilisation des enfants dans celle-ci. Un passage qui annonce la couleur de ce que sera le premier long-métrage du cinéaste, L'enfance d'Ivan. C'est également un court où s'entremêle déjà la réalité aux rêves. Le tout reste cependant accessible à un large public.

Le film se révèle être un excellent moment d'émotion, entre deux acteurs finalement assez convaincants (ce n'est pas toujours le cas chez Tarkovski). Bref, un court-métrage très intéressant, mais dont on constatera aussi que Tarkovski se sentira définitivement plus à l'aise avec le format du long pour évoquer tous ces propos. Ici, il n'a le temps que de les survoler. Mais pour un film de fin d'études, c'est un travail somme toute remarquable. L'occasion aussi de découvrir quelque peu Moscou au début de ces années 60.
batman1985
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le 8 sept. 2012

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le 8 sept. 2012

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