La première chose qui impressionne dans ce long métrage, c’est son âge : 5 ans. A l’ère du numérique, un gouffre sépare notre époque de celle qui l’a vu naitre en matière d’innovations technique au service de l’image numérique.
Et pourtant, Le royaume de Ga’Hoole n’a pas pris une ride de synthèse. Il relève avec brio le défi des designers qu’est celui des plumes, déclinant à l’infini les figures de chouettes et autres hiboux, saisissant d’expressivité et animés dans les moindres détails.
Certes, le scénario ne se distingue pas particulièrement par son originalité et on a connu depuis des développements plus intéressants sur le plan psychologique, à l’image du réussi Dragons.
Mais force est de constater que le film parvient à poser un univers de fantasy avec un sens visuel très efficace, et caractériser ses personnages de façon convaincante.
Tout, dans la quête comme dans les détours du récit, est inféodé à un principe fondamental, celui de la cinématique du vol. Pour les héros, il s’agit de savoir déployer ses ailes et ne pas se contenter de planer, capter les courants des vents, affronter la pluie et les rafales. Les séquences sont splendides, le mouvement d’une fluidité inégalable. Lorsqu’il progresse vers l’épopée, le film s’en sort presque aussi bien. Les entrainements deviennent militaires et les combats aériens, Zack Snyder assumant alors pleinement l’influence de films séminaux comme Matrix ou Tigres et Dragons, recourant (voire abusant, il faut bien le reconnaitre) aux ralentis et aux mouvements circulaires.
Il manque quelques éléments pour que le registre épique se déploie pleinement, notamment dans certaines ellipses qui donnent un caractère un peu expéditif au récit, surtout vers sa fin. Mais au vu de la minutie visuelle, on peut comprendre qu’ils n’aient pu se permettre de faire un film plus long. On sait que Snyder est capable de tout, d’une mélancolie numérique réelle comme dans Watchmen au sérieux le plus pathétique dans Man of Steel. Il semble ici avoir trouvé un certains point d’équilibre sur lequel il n’est pourtant apparemment pas prêt de revenir…
Et puis, nous proposer une séquence d’envol incendiaire avec du Dead Can Dance, si c’est pas la classe pour le fan qui ne s’y attendait pas…
(7.5/10)