Vous n'aurez plus peur de dire: "J'aime les chouetttes !".
L'idée de voir le metteur en scène vénère de "L'armée des morts" et de "300" donner dans le film de chouettes numériques m'avait laissé avec une paralysie faciale pendant quelques jours, le temps en fait de découvrir la bête dans une salle remplie de gremlins gesticulants dans tous les coins. Ne connaissant absolument pas la série de bouquins écrits par Kathryn Laski, je n'avais aucune idée de la sauce à laquelle j'allais être mangé. Et visiblement les parents non plus.
Définitivement plus proche de "300" que de "Happy feet", "Le royaume de Ga'Hoole" fait partie de ces oeuvres inclassables pour les distributeurs, trop enfantines pour un public d'adultes et bien trop sombres pour un tout jeune public. Dès les premières images, j'ai personnellement ressenti la même exaltation mêlée de peur (légère la peur, tout de même, hein) qui m'avait assailli étant marmot à la vision de "Brisby et le secret de Nihm" et de "Taram et le chaudron magique". Une promesse d'aventure épique mélangée à une ambiance pesante à souhait. Le premier film d'animation supervisé par Zack Snyder, s'il reste un divertissement grand public, n'est certainement pas adressé aux bouts de choux. Par contre, leurs aînés de plus de huit ans devraient assurément prendre leur pied.
Manifestement influencé par "Star Wars" (les gardiens ressemblent aux rebelles, les sangs-purs à l'empire, le gésier à la force...), "Le royaume de Ga'Hoole" permet à Snyder de nous concocter un spectacle grandiose et plus d'une fois belliqueux, coincé parfois entre la pure héroïc-fantasy et sa nature de divertissement familial (on n'échappe pas à quelques seconds rôles plus lourds que drôles et surtout à deux pop songs qui font saigner des oreilles), mais qui devrait réveiller chez l'adulte l'enfant ne demandant qu'a être émerveillé qui sommeille en lui.
Flottant dans une atmosphère inconfortable et pleine de menaces sous-jacentes, allant jusqu'à convoquer les fantômes du troisième Reich dans sa représentation du mal, "Le royaume de Ga'Hoole" prend le temps de s'interroger sur la vérité qui se cache derrière les mythes, cherchant le visage caché par le masque de la légende, sans oublier pour autant d'en mettre pleins les yeux aux spectateurs. Secondé par une équipe technique formidable, Snyder parvient à transcender ses propres faiblesses de réalisateur, nous offrant, par la grâce d'une mise en scène en apesanteur, des séquences de toute beauté, notamment celles suivant ses personnages dans les air, instants magiques qui augurent du meilleur pour son prochain "man of steel", à condition toute fois que les limites du film live ne viennent pas tout foutre en l'air.
Aussi sombre qu'il est exaltant, aussi maladroit qu'intéressant dans son propos, "Le royaume de Ga'Hoole" est LE film que les p'tits gars de huit / dix ans attendaient, chevauchée sauvage aux images grandioses et carrément iconiques, digne d'un "Lord of the rings", réussissant l'exploit d'être traversé d'une certaine fureur sans laisser apparaître la moindre effusion de sang. Dommage que les faibles scores au box-office nous aient privé d'une suite éventuelle qu'un des derniers plans, orgasmique pour tout fan de fantasy, annonçait dantesque. Putain, je veux une chouette !