Après cinq ans d’absence dans le monde du cinéma et reconnu pour sa grande réussite du dessin animé Le Roi Lion, Rob Minkoff fait son come back en nous proposant un nouveau projet filmique, tout en reprenant scrupuleusement la base d’un honnête divertissement et en s’attaquant à l’univers héroïque des arts martiaux et à celui du fantasy. Bien que j’ai apprécié énormément le Roi Lion et passé un moment très distrayant avec le film Le Manoir hanté et les 999 Fantômes, j’avais quelques inquiétudes à propos de ce long-métrage pour quelques raisons justifiées. C’est un film qui va être truffé de scènes de combat à l’art martial et réalisé par des moyens techniques américains mais en plus, c’est confié par un metteur en scène qui n’a plus touché à une caméra pendant 5 longues années.
Que des problèmes qui ne pouvaient rien apporter de bon dans une production, d’autant qu’on sait très bien que les studios américains ont la tendance à casser tout ce qui fait la réussite, le succès ou la gloire d’un long-métrage nous exposant à un monde fascinant et étrange avec émerveillement et fascination. De toute évidence, c’était sûr qu’on allait détecter un mécanisme ou un système américain pendant le visionnage, peu importe la manière dont le projet sera réalisé, il fallait s’y attendre à ça. Et comme Rob Minkoff est également un habitué de mise en scène de productions enfantines, joyeuses et familiales, il fallait s’attendre aussi à un contexte tout simple d’un film d’aventure qui ferait plaisir à toute la famille. Cependant, je pense que le réalisateur était quand même conscient de ce qu’il faisait.
Un film d’arts martiaux n’est pas le genre de divertissement à visionner en famille, c’est généralement bourré de scènes de combat assez violentes, les acteurs asiatiques sont, dans la plupart des cas, sans scrupules quand il s’agit de combattre un mal et les affrontements sont filmés d'une manière à être très proche des combattants. Du coup, il fallait trouver un équilibre pour faire plaisir à la fois un public occidental et un public asiatique mais d’après ce que j’ai vu, c’est mission accomplie, j’ai bien retrouvé les deux formats que j’espérais voir pendant le visionnage. Étant donné que la production se déroule dans un univers oriental, c’était sûr que le casting allait être composé majoritairement de stars asiatiques. Seul Michael Angarano est américain et campe, avec modestie et sagesse, un rôle de loser et un passionné des arts martiaux. Rôle assez majeur de cette production mais de loin le plus inintéressant, c'est le reste du casting qui a le mérite d'être admiré.
Parmi les pratiquants d’arts martiaux présents dans cette réalisation, on retrouve un Collin Chou qui a déjà prouvé ses talents dans le combat à main nue dans des productions plus ou moins réussites comme les deux derniers Matrix ou l’adaptation cinématographique DOA : Dead or Alive. À ses côtés, on remarque la présence de Li Bingbin, une des actrices asiatiques les mieux classées du cinéma oriental, incarnant une sorcière maléfique très à l'image de ce qu'on peut voir dans les films d'arts martiaux classiques. Et contre eux, la crème de la crème j’ai envie dire, on a l’honneur réjouissant de voir deux monstres du cinéma asiatique tels que Jackie Chan et Jet Li le sont, dans un même film et sans vous le cacher, c’était surtout pour ces derniers que je voulais visionner ce long-métrage. Une chose primordiale est à savoir concernant ce duo, ils ne jouent pas n’importe quel rôle.
Jackie Chan campe le rôle d’un boxeur ivrogne et c’est ce genre d’interprétation qui lui a fait connaître la célébrité après qu’on l’ait vu se défouler excessivement dans la production Drunken Master. En jouant le rôle d’un moine bouddhiste, Jet Li retrouve également le même genre d’interprétation qu’il a tenu dans son tout premier film, quand il avait 18 ans. C’est donc un vrai retour de leurs origines pour ces derniers mais, si on doit retenir une scène mettant en avant ces bagarreurs chevronnés, c’est bien leur face-face épique, d'une grande qualité artistique et incroyablement démentiel. 5 minutes de mouvements d’arts martiaux fluides, magiques et à couper le souffle, imaginés par Yuen Woo-ping, l’un des chorégraphes les plus reconnus de l’époque. C’est à lui qu’on lui doit à certaines des plus belles scènes de combat vues au cinéma, après qu'on ait visionné des longs-métrages cultes comme Matrix ou Tigre et Dragon.
Je ne vous raconte pas le plaisir que j’ai ressenti en vivant ce moment si particulier, c’est comme si on vient de réaliser un de nos plus grands rêves autant que cinéphile. Pas évident d’être aussi admiratif sur tout le reste de la production mais bon, notre dose du divertissement est bien là. C’est un univers fantasy assez moderne et juste, qui ne casse rien de ce qui faisait la réussite des classiques d’arts martiaux et le cahier des charges d’un bon film d’aventure a bien été respecté à la lettre. Le scénario est d’une banalité vue et revue mais cela n’a aucune importance dans ce genre de spectacle, le reste vaut le détour pour la mise en scène habile et bien gérée techniquement, sans omettre des effets spéciaux tout à fait corrects, un environnement asiatique bien intégré (costumes et décors) et un rythme trépidant. Même avec des scènes dont l'humour ne fait pas son effet et quelques clichés mal placés, c’est 105 minutes de visionnage efficace et sensiblement délassant. 7/10
Hé ! Ça suffit toi ! C’est mon élève, pas le tien ! Deux tigres ne peuvent pas vivre sur la même montagne. Deux maîtres ne peuvent pas former le même élève.