Loin de l'univers des Stray cat rock ou des Lady Snowblood qui ont fait sa réputation en occident, Fujita est sans doute plus connu au Japon pour ce film (auquel il donna deux "suites"), un étonnant drame qui semble prendre un peu le relai de Passions juvéniles de Ko Nakahira (rivalités masculines le temps d'un été et qui se conclut lors d'une virée en bateau). Étonnant car la narration est libre, composée de plusieurs scénettes rarement liées et qui ne font que rarement progresser l'histoire. Le temps est insaisissable, flottant, la psychologie n'est pas explicitée comme les comportements ne sont pas justifiés.
Toshiya Fujita adopte en fait le désœuvrement de ces jeunes, leur manque de repère, leur immaturité, leur pulsion sans les juger, sans prendre position sur leurs contradictions ou leur immoralité. Le sable mouillé d'aout n'est ainsi pas vraiment narratif. Il y a bien une trame mais la logique n'est pas toujours de mise. En revanche, il y a formidable travail sur l'atmosphère, la texture de l'image, la photographie solaire et chaleureuse, une sensualité à fleur de peau d'où découle une frustration tant sexuelle que sociale face à un monde qui n'incite pas les adolescents à grandir (directeur du lycée, yakuza, beau-parent...). Sans qu'on sache pourtant pourquoi, on ressent dès le début un malaise et une insatisfaction qui ne peut que mener à une rébellion, ou du moins à un dysfonctionnement.
Ainsi quand les adultes disparaissent du récit, la tension ne peut pas redescendre et explose durant les 10 dernières minutes par une ré-appropriation destructive (la peinture rouge) qui se retourne contre eux, pour une impasse et une incompréhension hébétée.
La qualité, et en même temps sa limite, est qu'on ne sait jamais sur quel pied danser face aux nombreuses rupture de tons et des personnages qu'on effleure sans les comprendre, sans savoir quel point de vue le cinéaste/scénariste porte sur eux. Comme pour mieux partager leur frustration.
J'ai trouvé la démarche courageuse avec ce risque de rythme très accidentée et d'une certaine distanciation, heureusement compensée par l'excellente musique, la mélancolie des comédiens et une mise en scène souvent éthérée et hypnotique.