Après un précédent épisode éblouissant, la saga semble se reposer sur sa formule et exploite sans vergogne le caractère de son héros, le privant de plusieurs touches d'humanité qui contre-balançaient son cynisme. Cette fois, et plus que jamais, il apparait comme un héros individualiste et égoïste, laissant des individus en détresse sans réagir ni même questionner leur culpabilité. Un tempérament qui parait un brin artificiel et qui semble contaminer son cinéaste qui se met en mode mercenaire, sans chercher à tirer vers le haut son matériel.
Le scénario ne propose ainsi rien de nouveau par rapport aux épisodes précédent avec de nouveau un vaste complot, des corrompus et un grand nombre de femmes fatales (c'est peut-être l'épisode le plus ouvertement misogyne) pour résultat brouillon, loin d'être très claire dans ses différentes sous-intrigues qui finissent inévitablement à se recouper dans le dernier acte.
La dimension monolithique de Raizo Ichikawa lasse également un peu sans que le film, heureusement, ne provoque l'ennui. Car si Misumi ne fait pas trop d'effort sur ses personnages et la limpidité de son histoire, sa réalisation est toujours aussi savoureuse avec une élégance, emprunt de classicisme, qui sait faire preuve quand il faut d'un esthétisme moins consensuel avec un sens du cadre qui malmène ceux présents à l'écran, compose une palette colorimétrique dénuée de quasiment toute touche de couleurs et organise un scope toujours autant impeccable.
C'est peut-être aussi l'épisode le plus musclé et le plus rythmé en terme de combats. Le final qui se déroule autour des différents pavillons d'un temple est fabuleux avec des compositions de plans très graphiques qui tirent un excellent parti de l'architecture et l'organisation des bâtiments.
On perd en originalité ce qu'on gagne en efficacité.