Jidaigeki dramatique, Le Samouraï du crépuscule / Tasogare seibei (2002) de Yoji Yamada (Tora-san – C'est dur d'être un homme, 1969-1996) met en scène un chambara de facture classique.
Á la mort de sa femme, Seibei Iguchi, un samouraï de l'ère Meiji remplit de dette doit s'occuper de ses enfants ainsi que de sa mère malade. Il travaille jour et nuit pour joindre les deux bouts. Surnommé par ses collègues de travail "Crépuscule", il retrouve Tomoe, une amie d'enfance. Cette dernière vient de divorcer d'un mari violent...
Le Samouraï du crépuscule se raconte à travers la voix off d'Ito, la plus jeune des deux filles de Seibei Iguchi, un petit fonctionnaire sans le sou. Elle se raconte à l'âge de cinq ans, surtout elle raconte un père se mettant en quatre et ne parvenant pas à faire le deuil de sa femme décédée de la tuberculose. Elle le raconte à travers les yeux de cet enfant qu'elle était, réalisant par la même occasion une introspection d'elle-même mais avec un regard d'adulte. Pourtant cette voix off ne pourra raconter la vie de son père, la partie off de la cellule familiale. Ces off, elle n'en verra rien si ce n'est les conséquences (morale, physique) : son quotidien au travail, ni les conflits attrait au statut de samouraï qui abîment son père que le spectateur vivra.
Yoji Yamada réalise un très beau film tout en retenue. Il s'y dégage toute la tragédie et la candeur du film de sabre traditionnel. Pas un film de sabre truffé de scène de combat tout du long, loin de là mais véritablement un film sur un homme (un père) et l'adversité qui le plombe. Un samouraï d'un autre temps relégué à la réalisation de base œuvre dont quelques soubresauts du destin viendront réveiller, réveiller en lui l'âme du samouraï trop longtemps endormi. Ce portrait de père emporté par l'Histoire qui se joue devant nos yeux est touchant. La tension dramatique apporte une dimension qui fait de cette œuvre, une œuvre réussie dont les interprétations tout aussi réussie participent à l'attrait de ce Yoji Yamada.
Les invendus de Made in Asie #133