Le Sang
7.4
Le Sang

Film de Pedro Costa (1989)

Les prémices du cinéma de Pedro Costa

Davantage connu pour ses films-travaux d'une envergure redoutable ( principalement les deux chefs d'oeuvre que constituent l'implacable Dans la chambre de Vanda et le magnifique En avant, Jeunesse ! ) Pedro Costa livre avec Le Sang un objet dont la beauté et l'obscurité confèrent un charme indiscutable au récit. Si l'on s'en tient à sa forme seule, le film est une merveille : le Noir et Blanc très contrasté, les surimpressions fulgurantes et les audaces du montage s'agencent visuellement pour laisser place à une véritable atmosphère, toute en nébulosité et d'une noirceur singulière. La photographie n'est pas sans rappeler les sommets de technicité effectués par Stanley Cortez sur La Nuit du Chasseur, tant est si bien que certaines épiphanies ne sont pas sans évoquer le monument de Charles Laughton.


Hélas le film, s'il relève souvent de l'hypnose sur le plan formel, pèche un peu dans ce qu'il cherche à dire et raconter, et l'ensemble manque d'homogénéité. Il semblerait que Pedro Costa expérimente, ou du moins tâtonne, recherche encore son style propre : l'hésitation entre le classicisme narratif et les ruptures de ton, entre la volonté de conter une histoire et celle de rompre avec la continuité filmique donne un léger sentiment d'opacité, pas toujours réellement efficace sur la longueur. La Sang témoigne d'une formidable personnalité cinématographique ( on voit déjà le goût prononcé de Costa pour les cadrages sciemment composés, et aussi pour l'utilisation très intelligente du hors-champ ) mais n'en demeure pas pour autant aussi renversant que les dernières créations du cinéaste. Un beau film, poétique et qui rend en outre le spectateur actif, argument non négligeable...

stebbins
7
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le 6 déc. 2015

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