Ces horreurs qu'on sait, mais qu'on préfère ignorer.

Le sang des bêtes, sorti en 1948, montre un abattoir de Paris.
Cet endroit sombre aux portes de la plus belle ville du monde, où les ouvriers agissent machinalement, leur clope au bec. Ils tuent des dizaines d'animaux chaque jour, et recommencent le lendemain. Ils sont payés pour nourrir la population, ils ne cherchent pas plus loin. Ils ne cherchent pas de tendresse envers ces bêtes qu'ils égorgent de façon barbare, ce serait une perte de productivité.
Et la viande est alors vendue au consommateur, qui préfère ignorer ce qu'il mange, tant que ça le nourrit. Mais des fois, la vérité surgit dans son esprit, et le consommateur se sent mal à l'aise. Que peut-il faire face à ces immondices ? Le système est tel qu'il est, il nous nourrit le et le fait vivre. Il ne peut alors que l'accueillir, même si c'est à contre coeur.

Certaines scènes sont insoutenables, plusieurs fois on veut détourner notre regard, comme si on se sentait coupable de ce qui arrive à ces animaux.
On voit la mort surgir devant nos yeux, sans aucun trucage. La mort qui arrive d'un coup, mais pourtant même après l'animal semble encore souffrir. On a mal pour lui avant, pendant et après qu'on lui ôte sa vie.
Et ça fait réfléchir.

Et ce final, montrant une mer de sang et ce troupeau de moutons qui n'a pas d'autre destin possible, sur fond de Charles Trenet. On est pourtant toujours dans ce décor parisien, qui parait si paisible, si beau.
Ce décor qui ne pourrait pas paraître paisible s'il n'avait pas ses parts d'ombres.

Magnifique dans son horreur.