Critique de Le Sauveur par AMCHI
C'est la 1ère réalisation du romancier Michel Mardore et il s'en tire très bien. Le Sauveur se déroulant durant la 2nde GM est l'histoire d'un pilote anglais
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le 2 janv. 2016
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Premier film du critique et romancier Michel Mardore (que certains auront entendu au Masque et la plume en tant que chroniqueur cinéma), Le sauveur fait partie de ces films totalement mystérieux, un peu OVNI dans la production de l'époque, mais à mes yeux c'est une énorme surprise, dans le ton de ce que Chabrol n'aura pas fait mieux.
Dans une petit village de la France occupée, une jeune fille, Nanette trouve et héberge un aviateur anglais blessé à la jambe. A son contact, elle va commencer à éprouver des sentiments, du désir, en bref, se découvrir face à cet homme qui lui semble être comme la providence. Tandis qu'elle le cache dans la ferme familiale, cet homme lui parle de la guerre, de ce que sont les Anglais et les Allemands, et lui parle de son désir de rentrer dans la résistance.
En dire plus serait criminel, car la deuxième partie est d'un tragique, qui rappelle les pires heures de notre histoire, au sein de la France profonde. Pour en revenir à ce début, Nanette est au départ une fille tout ce qu'il y a de plus innocente, qui batifole dans les près, qui ne veut pas aider sa famille dans les champs, mais on sent en elle une envie d'apprendre, de fuir ce carcan familial qui semble lui peser. La guerre n'est jamais montrée, mais elle est évoquée à travers ce pilote, formidablement joué par Horst Buchholz, et dont son français parfait (il a été marié à une actrice française durant cinquante ans) apporte un charme, une suavité dont il a se servir à ses dépens.
Même si il n'y a aucun acte sexuel, on voit le désir monter entre ces deux êtres, quasiment déconnectés de la guerre, jusqu'à une scène magnifique où ils vont entièrement se déshabiller et courir nus le long d'une rivière, comme des enfants. C'est d'autant plus beau que même si les corps nous sont montrés de manière frontale, le sous-entendu n'y est pas du tout, c'est comme un jeu.
Quant à cette Nanette, elle est incarnée par une débutante (elle avait 18 ans au tournage, alors que son personnage en a 14), Muriel Catala, au regard magnifique d'intensité, d'une grande maturité, et qui apparait souvent comme une observatrice, éperdue d'admiration pour ce bel Anglais.
Il est à noter que le film devait se faire au départ avec Jean-Pierre Mocky et Isabelle Adjani.
Le film parle aussi de la résistance qui s'organisait dans les petits villages français, sans faire de vagues, et le tout est filmé de manière très contemplative, avec des scènes de repas filmées comme dans Le boucher, justement de Claude Chabrol.
Dans l'idée, le film fait penser un peu au documentaire Le chagrin et la pitié ainsi qu'au Vieux fusil, mais le ton tragique de la deuxième partie, avec des scènes souvent dures mais filmées hors-champ en font un film remarquable, très difficile à voir, mais que je ne peux que recommander.
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Créée
le 27 sept. 2015
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