Voilà bien longtemps que je n'avais pas vu ce film, réalisé par Ang Lee et sorti en 2005, qui m'avais autant fasciné qu'ennuyé. Oui fasciné car c'était la première fois que je voyais une histoire d'amour gay au cinéma (enfin plus précisément à la télé) et que je n'étais pas habitué à cette représentation (j'étais plus jeune aussi hein) et ennuyé, il faut bien le dire, car j'avais trouvé toute la seconde partie assez longuette. Eh oui car ce film n'est pas centré uniquement que sur deux cow-boys qui couchent ensemble sur une montagne ; cette partie représente en réalité quarante minutes du film, le reste s'attardant sur l'après, c'est-à-dire comment vivre cet amour caché et comment faire bonne figure face au reste du monde. Car oui, le film s'étale des années 60 à 80 et c'est une période durant laquelle l'homophobie est toujours bien présente aux États-Unis, enfin encore aujourd'hui d'ailleurs, notamment dans les zones reculées que montre le film. Eh oui car le film est avant tout un western, enfin c'est en tout cas un film mettant en scène des figures très virilisées par le cinéma, que les acteurs parodient presque d'ailleurs avec le texan fan de rodéo et l'autre qui parle un américain difficilement compréhensible et cachant ses émotions comme un "vrai homme". D'ailleurs, surtout au début du film, il n'hésite souvent pas à en venir aux mains pour exprimer ses émotions, transformant alors un amour qu'il ne peut assumer en colère. Et en fait, le film parle avant tout de ça, d'un amour que l'on ne peut exprimer publiquement. Ce qui rend les différentes scènes de retrouvailles entre les deux personnages d'autant plus déchirantes (car on sait que ça ne peut pas durer) et touchantes, surtout que Jake Gyllenhaal et Heath Ledger se donnent réellement à fond dans leur personnage. Ainsi, je ne trouve plus aujourd'hui cette partie "après montagne" ennuyeuse, c'est même de loin la plus passionnante car on voit alors comment les personnages évoluent, comment ils se servent de leur femme et famille comme couverture et surtout la manière dont ils expriment et rejettent leur homosexualité, la plupart du temps refoulée donc. Alors oui, malgré tout, je peux m'empêcher d'y voir dans ce genre de scénario "le film à Oscars", c'est-à-dire assez lent, académique et qui va faire pleurer dans les chaumières (même si notons que le film n'est jamais larmoyant pour autant). De même concernant la mise en scène d'ailleurs même si elle nous offre de magnifiques plans du pays mais surtout qui montre cet amour avec autant de douceur que de violence, sans jamais tomber dans le voyeurisme. "Le Secret de Brokeback Mountain" est donc un très beau film que j'ai revu avec plaisir !