Sujet ambitieux, mise en scène soignée, dialogues travaillés, beaux décors, photo léchée, c'est de la fournée annuelle de films ambitieux qualité France pour festival ça ! Avec ce bon vieux Delannoy à la réa, Jacques Rémy (qui a coécrit "Les maudits" de René Clément) au scénario et Philippe Hériat aux dialogues. C'était un acteur et écrivain, qui a écrit très peu pour le cinéma. Juste ce film, un autre Delannoy, deux Louis Daquin et un Raymond Bernard.


C'est assez étonant qu'un film aussi ambitieux soit produit par Codo-film, spécialisé dans les films commerciaux de très bas étages. Le producteur Claude Dolbert est d'ailleurs décrit par Delannoy comme un "personnage assez pitoresque et d'une surprenante vulgarité".


Ce qui aurait pu être intéressant c'est la façon dont Delannoy s'attache à respecter au pied de la lettre la réalité historique. Avec ses scénaristes ils ont minutieusement étudié de déroulement de ces évènements historiques qui ont déchlenché la première guerre mondiale. Le travail de documentation a été considérable. Mais si cette envie de fidélité doit couper toute audace artistique, autant trahir la vérité. "On peut violer l'histoire à condition de lui faire de beaux enfants", disait Dumas. Parce que si le film ouvre sur de beaux plans et une certaine ambition esthétique, rapidement tout cela s'éssouffle pour faire dans le mélodrame conventionnel et pas vraiment passionant.


Jean Marais recycle son personnage de jeune premier amoureux sans grande inspiration, face à lui Dominique Blanchard joue l'innocente de façon assez insipide. Ces deux personnages ne sont pas très intéressants. Pas grand chose à retenir non plus de l'interprétation de Silvia Monfort censée être le troisième point de ce qui est plus ou moins un triangle amoureux. Les seconds rôles Jean Debucourt, Jeanne Marken et tous les autres se contentent de cachetonner.


Encore un Delannoy dont la mise en scène se contente d'un sujet ambitieux pour faire une démo de maîtrise technique sans plus d'inspiration. Et ici ça finit par franchement sombrer dans l'ennui. C'est un film aux intentions louables mais qui n'en fait pas grand chose. Delannoy filme ce romantisme larmoyant avec les mêmes tares que "L'éternel retour" , "Les jeux sont faits" et "Aux yeux du souvenir". Il faut forcer le pessimisme pour plaire aux critèrent de qualité de l'époque. On montre de la vie parcequ'il faut bien qu'il y ait un film, mais ce qui compte c'est qu'ils meurent à la fin. Car ce n'est qu'à la scène de fin que le film déploie tout son propos, qu'enfin la mise en scène s'affole. Le reste est survolé avec ennui pour amener à ce dénouement attendu, ce qui fait qu'on a plus d'intérêt pour cette histoire quand il survient.


On se passera donc de ce "Secret de Mayerling", autant ouvrir un manuel d'Histoire.

grisbi54
4
Écrit par

Créée

le 16 janv. 2021

Critique lue 195 fois

grisbi54

Écrit par

Critique lue 195 fois

D'autres avis sur Le Secret de Mayerling

Le Secret de Mayerling
grisbi54
4

Fade

Sujet ambitieux, mise en scène soignée, dialogues travaillés, beaux décors, photo léchée, c'est de la fournée annuelle de films ambitieux qualité France pour festival ça ! Avec ce bon vieux Delannoy...

le 16 janv. 2021

Le Secret de Mayerling
estonius
4

Une histoire inintéressante filmée sans aucun rythme,

L'interprétation n'a rien d'extraordinaire mais est cependant illuminée par la présence de la trop rare et très belle Claude Farell dans le rôle de la comtesse Larish. Les premiers plans étaient...

le 19 avr. 2018

Du même critique

Un monde
grisbi54
5

Un peu brouillon

Avec Un monde, Laura Wandel n'a pas l'air de vraiment savoir sur quel pied danser. Je peux comprendre que beaucoup de gens aient apprécié, parce que la réalisatrice joue à fond la carte de ...

le 2 févr. 2022

16 j'aime

Youssef Salem a du succès
grisbi54
6

Fais pas ci fais pas ça

Le tandem Michel Leclerc - Baya Kasmi (ici derrière la caméra) continue à exploiter son filon comique consistant à traiter avec légèreté le climat politique contemporain. Si le film est drôle à...

le 23 janv. 2023

7 j'aime

L'Envol
grisbi54
8

La pudeur est une grâce enfantine

Avec cette troisième fiction, le cinéaste italien Pietro Marcello franchi une nouvelle étape dans sa trajectoire artistique. Bella e perduta constituait déjà, avec une approche documentaire et une...

le 21 janv. 2023

5 j'aime