Fraîcheur givrée

Pour son tout premier film, la réalisatrice Marie Madinier n'hésite pas à bousculer gentiment nos attentes en matière de comédie à la française. De fait, l'histoire du Professeur Quignard et de Christophine aurait pu ressembler à mille autres romances déjà vues sur grand (ou petit) écran, avec pour seule singularité la trame narrative sur fond de recherche scientifique. Il se trouve que l'inverse se produit : le laboratoire n'est qu'un prétexte à des instants de finesse, de tendresse confuse, et on s'éloigne carrément des grands poncifs franchouillards au profit d'un scénario plus flottant, où l'humour naît d'abord de situations excentriques, embarrassantes, ou gênantes ; une écriture plus anglaise que prévue, en somme. Le scénario croque ces moments d'embarras, et c'est là le principal attrait de ce secret bien gardé. La présence de Guillaume Canet (l'acting du risque zéro absolu), avouons-le, agaçant comme toujours, participe heureusement à l'ambiance étrange de ce film, tout en donnant à Charlotte Le Bon l'occasion d'enfoncer encore un peu plus le bouchon dans la relation docteur-cobaye. En s'inoculant le produit expérimental conçu par son idole en blouse blanche, la laborantine déclenche une suite d'événements inattendus et s'impose un destin simili-kafkaïen aux ressorts comiques ; un film pour les timides. On notera enfin que la caméra, complice, conserve toujours ce détachement sautillant, en fil rouge, jusqu'à la fin du film. Fin que l'on jugera pour le moins... surprenante ? A découvrir.