Le festival d'Annecy est un tremplin pour beaucoup d'artistes indépendants qui se retrouvent propulsé avec une notoriété nouvelle, qui créé une certaine attente quant à un retour en haut de l'affiche. C'est notamment le cas d'Alê Abreu, un cinéaste brésilien qui avait secoué tout le monde avec Le Garçon et le monde, lauréat du crystal du long métrage en 2014, et nominé aux Oscars pour meilleur film d'animation en 2016. C'est donc quasiment 10 ans après son dernier film que nous le retrouvons avec Le Secret des Perlims dont le ton enfantin des bandes annonces pouvait rebuter. Mais du coup, qu'est ce que ça donne ?
Après une scène épileptique nous faisant vomir de la couleur flashy par les yeux, et une introduction en voix off nous récitant la morale du film qu'on n'a pas encore vu, on se rend compte très vite que si les décors ou même les graphismes sont beau, on n'aura pas tant l'occasion d'en profiter tant la caméra est incapable de se fixer ou de rester stable 5 secondes. Si, dans Garçon et le monde, le propos était un peu lourd et maladroit, ici le propos n'est même pas tant caché ou sous-entendu pour qu'il n'y ait pas d’ambiguïté durant le visionnage: pour la subtilité et la réflexion, c'était pas la bon film. Si vous avez un doute à ce stade à savoir si le film sera tout aussi bien que son précédent, ou si l'heure que vous allez endurer vous sera plaisant, le réalisateur détruit tout espoir en une séance agréable avec l'introduction des personnages, dont un qui est en total roue libre en VF. Comme son précédent film, Le Secret des Perlims se veut comme une déambulation dans un monde fantastique où le réalisateur pourra appuyer un propos écologiste sur le Brésil et sur les États-Unis dans son ensemble. Dans Garçon et le monde, la déambulation était agréable car assez sobre en détail, que ce soit au niveau de l'écriture ou de la mise en scène qui ne fait apparaitre que le nécessaire sur le fond blanc du décors. Le Secret des Perlims souhaite visiblement aller plus loin que son prédécesseur et veut introduire toute une mythologie qui n'aura aucun sens mis à part sur sa fin (et encore), et un dessin, sert très beau, mais saturé en élément et en couleur, empêchant réellement d'en apprécier la beauté. On nous introduit donc deux peuples ennemis, dont on en verra jamais d'autres représentant que les deux personnages principaux, et dont on n'en comprendra pas l'animosité tant les justifications n'ont ni queue ni tête. Si dichotomie entre peuple du soleil et de la lune évidente, elle prend forme comme des gamineries de cours de récré (surement pour en souligner l'absurdité), mais le tout est tellement pris par dessus la jambe qu'on en arrive à des dingueries façon Team Magma contre Team Aqua dans Pokémon (où l'on débat sur est ce qu'il faudrait plus d'océan ou de continents). On ne comprend pas les frictions qui animent les deux personnages et on aimerait ne pas chercher à les comprendre, sauf que les deux personnages restent désespérément ensemble parce qu'ils sont ""amis"", et on n'a aucun signe d'amitié mis à part des insultes et des tentatives d'espionnage qui font beaucoup de peine à voir. On n'a pas envi de comprendre ces personnages qui s'engueulent à longueur de temps, ni même rentrer en empathie avec eux. Le film ne dure qu'une heure, mais leurs disputes régulières vous feront poser des questions sur la capacité du temps à se dilater. Les questions sur les raisons qui les poussent à rester inexorablement ensemble vous hanteront tout le long du film tant elles sont souvent remis sur la table en permanence dans leurs discussions, et tant les occasions où chacun peut partir de son côté sont multiples. Mais plus que les personnages, c'est tout le film qui nous fait poser des questions. On nous introduit un monde imbriqué dans le monde des humains "géants", qui serait paisible et où tout le monde serait en connexion avec la nature, mais on nous explique rien de ce monde merveilleux. On nous parle de Perlims, mais à aucun moment on ne saura nous définir ce que c'est réellement. Est ce que c'est l'ensemble des peuples ? Est ce que ce sont de similis midichloriens ? Typiquement on est perdu et saoulé face à des personnages qui nous font passer un très mauvais moment, qui sont majoritairement ensemble par profit plus que par amitié, en quête d'un sens ou d'un scénario, pour au final avoir une résolution qu'on nous aura été spoilé d'entré de film. Le tout est accompagné d'un plot twist capillotracté, qui se veut plus politique et encore moins subtile que l'intro du film, pour un résultat encore moins compréhensible, se voulant comme la réponse à toutes les interrogations qui auront parcouru le visionnage, mais qui, au final, montre à quel point le film est brouillon et long pour rien (alors qu'il ne dure qu'une heure).
Vous l'aurez compris, s'il est facile de s'attarder sur la beauté des dessins et de la réalisation qui se limite à ce peut voir dans la bande annonce, il est beaucoup plus difficile de défendre le film d'un point de vue purement cinématographique. Sans parler du ton du film qui se veut pour des enfants tellement jeunes qu'ils ne seraient pas capable de comprendre ou même de voir des films, ni évoquer l'exécution passablement médiocre, on se rend compte que dans un pure plan conceptuel, le film ne fonctionne pas. On parle d'un film sur l'écoute et l'attention qui n'a pas tant l'air attentionné et à l'écoute des spectateurs, vu que la plus part des résolutions et des réponses qu'on lui apporte sont des réponses sorti d'un chapeau, et ne répondant pas vraiment à ses interrogations. S'il est facile pour le film de parler d'écologie et de parler de critiquer la politique de certains pays en représentant le mur de Donald Trump, l'effort n'est pas poussé d'avantage pour expliquer ces problématiques, les rendre accessible et cohérent avec son univers, et ne pas tomber dans des raccourcis grossiers qui n'aide pas son combat. On sent que la parole écologique passe avant la volonté de réaliser un bon film, et que l'histoire entre les deux enfants pourrait se résumer en son début et sa scène de fin, tant la parole politique n'est pas travaillé sur les autres scènes du film. Ce qui fait que sur l'heure entière de film, nous avons cinq minutes au début du film qui nous présente tout le propos du film, les dix dernières minutes qui replace l'univers du film dans la réalité, et les trois quart du film ne sert presque qu'à du remplissage. On voit de l'adversité réglé à coup de montre laser, ou des paysages multiples avec un endroit sacré, on n'aura jamais d'explications ou de rattachements au propos de fond qui pourrait donner un sens ou une utilité à ce qu'on voit. C'est un film pas inspiré, très bête, pas intéressant, et surtout pas agréable.
5,5/20
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