Premier volet de l'adaptation cinématographique de la trilogie des romans pourtant réputés inadaptables, Le Seigneur des Anneaux écrit par J.R.R. Tolkien, mit en scène et réalisé ici par Peter Jackson.
Autant dire que dans la grande lignée des projets casse-gueule, l'adaptation de cette trilogie est sans doute l'un des paris les plus risqués.
Ce qu'il est important de bien comprendre je pense, quand on regarde ce film, c'est qu'il est le fruit d'un travail titanesque. Titanesque dans le sens où non seulement il adapte le premier roman de manière très convaincante, que cela soit en terme d'ambiance ou de narration visuelle, mais titanesque aussi dans le sens où ce premier film à l'instar du roman, n'est qu'une introduction aux deux autres. Le pari est risqué car le film était susceptible de ne pas atteindre le public non familiarisé avec cet univers.
Car La Communauté de l'Anneau est un film long, pas lent mais long. La meilleure façon d'en profiter pleinement c'est de se laisser porter par l'histoire qu'il raconte, et ça Peter Jackson l'a parfaitement compris. Il réalise son film comme une histoire que l'on raconte, la mise en scène et la réalisation permettent d'offrir au public un spectacle visuel calme et passionnant, dans un univers dont on perçoit la richesse à chaque réplique ou plan de caméra.
Jackson a su capter l'essence des écrits de Tolkien pour créer l'immersion. Une immersion qui passe par la musique d'Howard Shore, mais aussi par les costumes et bien entendu les acteurs. Ces derniers campent pourtant des personnages assez classiques, mais c'est grâce à leurs interprétations précises, dont émane une vraie intensité, que ces personnages deviennent attachants et captivants. Elijah Wood par exemple, parvient sans problème à faire ressentir au spectateur le poids que représente sa condition de Porteur de l'Anneau.
Là où Jackson, Fran Walsh et Philippa Boyens, les scénaristes, auraient pu s'accaparer le roman pour n'en faire ressortir que la richesse visuelle et créative de Tolkien au coeur d'un récit épique, ils parviennent pourtant à mettre en avant la psychologie des personnages principaux. Celle de Frodon bien entendu mais aussi Aragorn, si bien que la romance qui est y est associée avec le personnage d'Arwen prend une ampleur conséquente et possède un sens, un vrai fil narratif qui traduit les actions de ce personnage bien au-delà de son rôle au sein de la communauté de l'Anneau.
En somme une grande épopée épique qui prend le temps de s'intéresser à ses personnages.
La richesse de l'univers de Tolkien est dévoilée non pas seulement grâce aux situations à l'écran et les effet-spéciaux qui parviennent à récréer cet univers (effet-spéciaux de haute facture d'ailleurs puisque le film ne vieillit presque pas), bien que cela soit une partie intégrante de l'immersion et de l'adaptation. Non c'est aussi grâce à la bonne écriture, qui parvient à incorporer à la trame principale, tous les éléments d'arrières plans que l'on retrouve dans le roman. Le film foisonne de détails, de citations et d'histoires que les personnages se racontent. C'est même d'ailleurs très intéressant de revoir Le Seigneur des Anneaux après avoir découvert Le Hobbit, car la cohérence entre les deux trilogie est juste.
Là où Jackson parvient également à retranscrire l'oeuvre originale, c'est aussi par la narration du film. L'ensemble est très lyrique, il émane même une vraie liberté dans la mise en scène qui vient sublimer les paysages majestueux de la Nouvelle-Zélande. Au-delà de son aspect épique Le Seigneur des Anneaux est également une oeuvre poétique, les films le sont aussi. Du langage léger et mystique des elfes, aux courbes douces des maisons de Hobbitbourg, en passant par les compositions d'Howard Shore, tout a été pensé pour être un voyage filmique de 3h30 (en version longue) dans un univers fascinant et riche.
La Communauté de l'Anneau ne ressemble à aucun autre film, d'autant plus que l'histoire originale ne tourne pas non plus autour des thématiques habituelles, sans pour autant oublier de les aborder. C'est là d'ailleurs toute la richesse de la narration de cette histoire, cette qualité à raconter une quête dans univers cohérent et tangible.
Avec La Communauté de l'Anneau, et finalement avec la trilogie dans son ensemble, Peter Jackson fait ce que Tolkien a lui-même fait en son temps: poser les bases d'un genre nouveau. Ce film est une référence, une invitation au rêve, une œuvre visuelle et sensible, racontée par un réalisateur passionné. A découvrir absolument !