Bavards du crépuscule
Alors que Les Deux Tours proposait de réels changements de directions avec la dynamique de La Communauté de l’anneau, le Retour du roi souffre a priori d’une certaine redondance avec le chapitre...
le 28 nov. 2015
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Alors que Les Deux Tours proposait de réels changements de directions avec la dynamique de La Communauté de l’anneau, le Retour du roi souffre a priori d’une certaine redondance avec le chapitre précédent : prolongation du trio Frodon/Sam/Gollum, répétition de la structure convergence et fédération des deux camps avant la grande bataille finale, qu’elle soit de Helm ou de Minas Tirith.
C’est donc sur le principe de l’expansion que va s’organiser ce chapitre final. Toujours puissamment organisé sur une exploration de l’espace, c’est entre les pôles de Minas Tirith, Minas Morgul et le Mordor que se poursuit la quête, dont l’emphase s’exprime avant tout par la verticalité : les prises de vues sont vertigineuses, du surplomb de la cité blanche sur la plaine ou de la montagne à gravir pour Frodon. La maitrise de Jackson est ici à son apogée, et occasionne des tableaux grandioses, de la succession des feux d’alarmes sur tout le territoire au jeu des échelles entre les individus et les imposantes structures dans lesquelles ils se débattent, notamment dans la chute de Denethor en torche humaine ou l’avancée de son fils sous les flèches d’Osgiliath. Cet équilibre entre le pathétique et le spectaculaire est la grande réussite du film, celle qui justement fera défaut à la trilogie du Hobbit, totalement inféodée à la surenchère vidéoludique.
Certes, on pourra tout de même reprocher certains excès. Gandalf, en narrateur pour bande-annonce, intervient plus que de raison pour annoncer de façon solennelle que « l’échiquier se met en place », ou autres variantes du même type. Les délires de Denethor et son bûcher viennent alourdir une action déjà bien dense, et certaines conversations pourraient être abrégées.
Mais la longueur est une nouvelle fois au service de la tonalité générale, bien plus sombre que pour les deux premiers opus. A mesure que convergent mercenaires, orques et mûmakils, la fragilité humaine et ses failles se dévoilent : dans la collectivité incapable de solidarité, parmi les individus, du père indigne à l’ami bafoué, Sam, véritable héros au cœur pur.
C’est sans doute la raison pour laquelle on insiste tant sur le rôle des minorités dans le futur combat, de dame Eowyn à Merry, qui insufflent par leur foi l’épaisseur humaine et l’énergie du désespoir. Si la première bataille déchaîne tout l’attendu du film épique, la dernière, sacrifice désespéré en écho à la déchirure vécue par Frodon face à la fin de l’anneau, parvient à insuffler la noirceur des forces assaillantes.
La lutte prend des proportions cosmiques : c’est la montée en spirale sur les forteresses blanches de la ville, la rivalité entre la lourdeur d’un côté (les Nazgûl, l’extraordinaire bélier contre la porte, les catapultes) et l’agilité de l’autre (la féminité d’Eowyn, la grâce volatile de Légolas, l’immatérialité brumeuse de l’armée des morts).
On n’épiloguera pas sur l’épilogue qui s’éternise.
Il fallait tenir les promesses d’une escalade dans l’épopée, d’une constance dans l’humanité des personnages et dans l’effroi suscité par cette attraction maléfique : Le Retour du Roi est à la hauteur de ses multiples quêtes.
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le 28 nov. 2015
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