Comment Sebastião Salgado, photographe de la guerre du Koweit et du génocide rwandais, a-t-il pu donner naissance à Genesis, une oeuvre qu'il décrit comme une "lettre d'amour à la nature" ?
Au départ j'avais peur d'un documentaire qui s'apparenterait à un diaporama de photos, mais Wim Wenders a ciblé l'intérêt de faire un documentaire sur un photographe : il mêle avec adresse caméra et appareil photo à tel point que nos sens en sont troublés. La caméra devient photographique, le cliché mouvant.
Ce qui frappe le plus, c'est l'immersion dans l'oeuvre et le parcours personnel de Salgado. Il vit le documentaire avec le spectateur, commente ses propres clichés qui défilent sous ses yeux, d'une voix calme et parfois même émue. Son visage se fond avec ses images, rappelant que derrière toute photo un homme est debout, tenant fermement l'objectif. Non seulement la force des clichés s'impose, mais les coulisses sont dévoilées : le rideau tombe.
Ce que ce documentaire montre, c'est que Salgado a changé : en 1980 il photographie le gouffre des mines d'or du Brésil, mais dans les années 2000 lui et sa femme replantent une forêt entière autour de la propriété familiale. Le Sel de la Terre retrace le parcours exceptionnel de cet homme, passe en revue ses oeuvres et explique l'évolution qu'il a suivie.
Bien que certains passages manquent de reprise de rythme voire font preuve d'une lenteur soporifique, ce documentaire est un vrai panorama de l'oeuvre toute entière d'un homme.
Le photographe en général est quelqu'un qui écrit avec la lumière selon l'étymologie grecque. Salgado lui, va au-delà de l'écriture. Il montre les choses crûment, voire les dénonce, par amour des hommes et pour le salut de la terre.