Du sel à la cicatrice intérieure

De tout les films que j'ai pu voir de Philippe Garrel, aucun ne m'a laissé indifférent. Il y avait toujours quelque chose à dire à trouver, autant dans ses grandes expérimentations narratives (L'enfant secret; La cicatrice intérieure) que ses films minimalistes parisien (L'amant d'un jour). Garrel convoque sans arrêt les sentiments dans son cinéma, bien que certains de ses personnages en soit dépourvus. Ici, nous suivons Luc, sorte de Casanova allant de femmes en femmes sans réellement les aimer, en cherchant un but que lui même ne connais pas.
Et au milieu des petites histoires de Luc, se trouve le personnage du père. Il est la seule personne qu'aime vraiment Luc et c'est pour cela qu'il ira à l'école Boule, endroit qui liera et déliera les relations qu'il entreprend.

La caméra de Garrel adopte la vision que porte Luc envers le monde: les éléments se confondent, rien n'est vraiment mis en avant, on ne laisse pas la place aux textures (le choix du noir et blanc empêchant les éléments de se dissocier les uns des autres) ... Et c'est pendant de rares moments que la caméra tremblera, virevoltera, lors d'une dispute ou lors d'une scène de danse. Enfin, un seul gros plan sera permis au film, Luc voyant le visage désapprobateur de son père, quelques temps avant sa mort, seul élément qui lui fera ressentir quelque chose de profond...

Le film s'achève donc sur un Luc en proie à un désespoir Kierkegaardien car dénué de but, de passion, et de dieu. Luc est la personne type de l'ère dans laquelle nous vivons : attendant le sel sans le chercher, s'abattant sur lui même au moindre malheur...
Plus qu'un film moraliste "Le sel des larmes" est un film qui pousse son spectateur à trouver ce sel, à trouver la passion, à trouver la satisfaction.