Ray et Sokurah

Pure découverte que ce Sinbad. Pour être franc, sans Harryhausen aux commandes, je n’aurai pas franchi le pas de l’achat du Divéday. Aucun regret de ce côté, l’édition est de qualité et m’a permis de passer un bon moment en famille.

Côté histoire, c’est assez classique : Sinbad va devoir affronter moults périls pour sa dulcinée lors d’un voyage épique. Mine de rien, le scénario est assez riche et tranche avec la mollesse de certaines productions actuelles ; le double jeu d’un excellent magicien, une traversée qui se transforme en révolte du Bounty, des Cyclopes, un dragon, des superbes oiseaux à deux têtes, une virée dans une lampe magique, on n’a pas le temps de s’ennuyer et le courage de Sinbad est maintes fois mis à l’épreuve.

Passé ce portrait un peu flatteur, il faut reconnaître que le jeu des acteurs a mal vieilli. Le héros n’est pas crédible, la multiplication des scènes de bisous supporte mal le poids des âges même si cela contribue nécessairement au charme de ce genre d’œuvres. J’épargnerai le Géni, mièvre et sans réel intérêt, ou ses séquences de combat ou de folie sur le navire … pas ultra fines. La bande son ne casse pas des briques, mais fait le job, apportant son lot de sonorités « orient tapis volant certified ».

Les deux forces principales viennent du méchant de service, un magicien terriblement vicelard qui aurait certainement beaucoup apprécié la copie de Saroumane. Sokurah est excellent, bien supérieur à Sinbad, ce qui est quand même un peu dommage. Seconde force, l’immense Ray Harryhausen. Le dragon est sympa ; ses oiseaux bicéphales assez impressionnant. Mais les deux vedettes sont sans conteste le squelette qui sera démultiplié avec tout le talent que l’on connait dans Jason et les Argonautes quelques années plus tard et, encore plus, les Cyclopes. Ces créatures sont assez géniales. Elles imposent le respect et on ne peut ne pas songer à la scène de l’Odyssée mis en scène par Camerini dans son Ulysse quelques années plus tôt, avec moi de percussion. Mais au moins Kirk Douglas apportait un véritable charisme au héros … Les autres détails techniques foisonnent ; ainsi le ban d’essai pour ce qui sera Méduse dans le Choc des Titans ou encore la princesse en mode Peck lilliputienne.

Un moment plaisant, charmant, désuet, mais aussi magique dès lors que s’animent ces créatures fantastiques. Les enfants ont adoré, le fiston a même tremblé lors de l’accélération finale.

Un excellent potentiel de remake qui nous changerait des Marvels. Malheureusement Prince of Persia n’ayant pas marché …