Le Serment de Tobrouk, le film qui provoque l'hilarité même avant sa sortie, j'ai eu du mal à le voir, faut dire qu'il a vite disparu des salles de cinéma (et il était hors de question de donner 1 centime à BHL), mais bon, on peut parvenir à ses fins.
La première chose qui me choque c'est de voir qu'Arte a participé. Putain, d'habitude les films nés sous une bonne étoile (sic) ça reste des films d'auteurs intéressants... Déçu.
Je vais faire quelque chose que je n'aime pas faire, mais je pense qu'ici ça s'impose, c'est-à-dire raconter le film, parce qu'en fait, même si je ne connais pas le dossier Libyen (et surtout je m'en fous) et que je n'ai pas la moindre idée de la "vérité", je pense qu'il est important de voir l'"Histoire" telle que BHL la raconte, pour voir à quel point il a besoin d'être interné pour mégalomanie, mais surtout pour se rendre compte que même si le quart de ce qu'il raconte est vrai, il y a un sérieux problème dans le monde actuel (mais bon, on ne va pas jouer aux gens qui ne savent pas, on le sait tous, mais là BHL ne s'en cache pas).
BHL nous raconte donc qu'il était en Egypte et qu'il décide d'aller à Tobrouk en "Terra Incongnita" (sic). Le type, dès le début du film il avoue ne pas connaître la Libye et déjà il veut participer à leur révolte, pourquoi ? Attention, parce qu'il a des témoignages et parce qu'il a vu des vidéos sur un téléphone portable. Le film fait souvent ça d'ailleurs, montrer des vidéos sur un téléphone portable avec BHL qui commente (avec sa voix dégueulasse, vous savez comme il parle, en pensant lire son texte surécrit avec ferveur, alors qu'en réalité il est juste ridicule, ridiculement tragique (nan parce que des voix off, celles limite détachées de Marker ou de Depardon c'est quand même autre chose), c'est 100% objectif comme vous pouvez vous en douter.
Et là, cet homme qui se dit écrivain (sic) et pas un homme d'action (sic) va voir le leader des insurgés et lui dit : "écoute j'appelle Sarko". Pire, il va parler au nom du Président de la France. Je n'ai aucun respect pour Sarko, mais quand même, il laisse BHL parler en son nom sans même avoir été consulté au préalable. Et donc là le pire arrive, BHL a le numéro de Sarko (comment ça se fait ? C'est juste un "écrivain", je ne pense pas que Marc Lévy (pour rester en famille) puisse appeler Hollande comme ça, et lui il vend des bouquins) et il organise une rencontre.
Honte sans précédent, on a une interview de Sarko qui dit qu'il intervient parce qu'il a été en retrait sur les autres "révolutions arabes" et que là il serait bien qu'il fasse un truc. Il dit ça sans vergogne. Il fait ça pour son intérêt personnel, c'est clairement ce qu'il dit, il fait ça pour se sentir bien, pour s'acheter une conscience, pour faire bien... (bon il n'allait pas dire comme certaines allégations peuvent le laisser actuellement penser qu'il a été financé par Kadhafi pour sa campagne de 2007 et qu'il n'a pas envie de payer, ça passerait bien entendu moins bien).
On a ensuite Sarko qui appelle Obama, etc. Comment tout ce merdier peut partir d'un seul écrivain raté ? C'est impressionnant.
Le reste du film, ça tourne en rond, BHL qui tente de convaincre, qui va amener des armes, qui fête la libération, qui fait des discours sur la liberté, qui dit qu'Israël et la Libye c'est pareil, des opprimés qui peuvent enfin avoir la liberté ? Hein quoi ???
Pardon ?
Donc en fait, je résume, tout le monde on nous dit "ouais Kadhafi pas gentil, une brute, etc" au début du film, et c'est pour faire passer quoi comme idéologie ? Le sionisme ? Mais je rêve ? Putain je rêve ? En plus c'est glissé comme dans la même phrase de façon assez insidieuse... Tu soutiens la liberté, tu soutiens les insurgés et Israël.
On voit à quel point BHL ne peut pas s'empêcher, à quel point sa démarche est intéressée, comment il défend ses propres intérêts, qui ne sont sans doute pas ceux de la France, au travers de ce pur film de propagande. D'ailleurs la manipulation (qui est tout le film, faut pas se leurrer) est assez bien faite, l'utilisation du mot "Rafle", très connoté, pour parler de certains agissements de Kadhafi... Faut pas croire, ça a beau être de la merde, c'est pensé, c'est calculé.
Le seul problème, c'est qu'il se laisse emporté dans sa mégalomanie, parce que si tu écoutes BHL, toute la "révolution" libyenne, c'est lui qui l'a faite quasiment tout seul. Alors parfois, dans un élan de fausse modestie, il va utiliser le "nous", ou utiliser une formule qui fait bien pour se mettre en retrait, ce qui tranche totalement avec le narcissisme dégoulinant du reste du film.
Parce que ouais, au début il met un petit texte en disant que se sont ses amis les révolutionnaires libyens qui sont les héros de ce film, alors que tu ne les vois jamais, le mec prend la peine de te rappeler que c'est un "ami de 30 ans du Commandant Massoud" (sic), qu'il a été impliqué en Bosnie... Images d'archive à l'appui. Il dit qu'il a filmé sans y penser, sans penser que ça pourrait devenir un film... c'est sans doute pour ça que tout est filmé, qu'il y est toujours à son avantage avec sa chemise impeccablement blanche et ouverte dans le désert, avec son costume à 10 000 boules.
Le truc c'est que ce film est sorti au cinéma, ce film a pu sortir au cinéma. Les gens ont laissé faire ça. BHL qui avait dit que si la France n'intervenait pas en Libye le drapeau serait sali du sang des morts ou je sais pas quoi (beau chantage d'ailleurs), je dirai surtout que le Cinéma Français est irrémédiablement sali d'avoir laissé sortir ce film, d'avoir laissé ce film se faire.
Mais faut croire que dans un pays où un idiot comme BHL (qui d'ailleurs à la fin du film tente de s'autopersuader que la situation en Libye ne va pas si mal... scène assez drôle d'ailleurs) a le numéro du président et peut lui demander une guerre parce qu'il a envie, voir se genre de film sortir en toute impunité n'est pas si surprenant.
On aurait mieux faire de montrer à ce prétendu cinéphile qu'est Sarko Manderlay.