D'une tension palpable à une mise en scène efficace, de cadres travaillés et très beau rendant honneur au sud-ouest français à une atmosphère de western, il n'y as qu'un pas qu'Eric Valette ose franchir en tenant son projet bout à bout.
Nouvelle tentative de film de genre français dans un cadre de polar cette fois-ci, "Le Serpent aux mille coupures" impressionne par la maîtrise d' Eric Valette ainsi que son intrigue alambiquée au premier abord mais au final épuré et cohérente.
Après avoir tué des barons de la drogue, un motard blessé se réfugie chez une famille qu'il prend en otage. Les flics et un tueur à gages à la solde des mafieux sont à sa poursuite. Plusieurs destins parallèles vont se croiser et l'on suit tout ce monde dans le cadre du sud-ouest français.
N'ayant pas lu le livre dont le film est adapté, je ne parlais pas d'adaptation. Je n'ai vu aussi que "La Proie" d'Eric Valette dont j'ai un lointain souvenir. Pour autant après avoir vu ce film j'ai envie de découvrir sa filmographie.
Ça fait du bien en tout cas. De voir un polar noir sans concession dans son histoire, le développement des personnages, sa mise en scène et son montage.
Sans concession, car le film alterne plusieurs points de vues, de tous les personnages mentionnés dans le pitch, et le scénario s'intéresse au passé ou aux actions de chacun, ainsi qu'a leurs interactions ce qui nourrit grandement l'intrigue, leurs caractérisations et nous immerge dans ce suspense très tendu tout du long. .
La famille pris au piège, les voisins racistes, les barons de la drogue, le motard, le tueur à gages, les policiers français et espagnols, vont tous se retrouver à un moment et à un autre pour des raisons différentes, mais dans la même situation. C'est très réussi jusqu’à un très beau final de western très bien mis en scène.
Sans concession dans son montage très bon, passant d'une situation à une autre, d'un personnage à l'autre sans que l'on soit perdu. C'est très clair et limpide jusqu’à un final d'action magistral.
Sans concession dans le genre du polar et de l'action, pour les fusillades, les bastos, les scènes de tortures dures et sèches, pas de stylisation à outrance ici, c'est vraiment montré de manière très réaliste. Qui plus est, l'atmosphère tendue instauré dès le premier plan du film intriguant puis révélateur de la note d'intention du film
Un voisin raciste voulant vandaliser un terrain de la famille qui va être pris au piège se retrouve lui même témoin du meurtre des barons de la drogue par le motard. Le motard étant ici un anti-héros sans nom qui à déclencher de ce fait la rencontre de tous les personnages nommés plus haut et un déluge de violence inattendue..."
Sans concession, le film l'est aussi dans sa mise en scène se servant du budget restreint au maximum, allant à l'essentiel. Eric Valette iconise tous ses personnages, les places dans les décors du sud-ouest, grandiloquent, filmé en lumière naturel, le rendu est tous simplement magnifique. L'espace dans lequel ils évoluent tous est à la fois enivrant et stressant: " De nombreux plans de brumes, les situations tendues se passant majoritairement de nuit, les plans d'ensemble de villes et lever de soleil, juste excellents"
Un coup de chapeau à Terence Yin dans le rôle du tueur à gages. Complètement taré, menaçant, il habite son rôle à la perfection et ajoute à la tension du film.
Pour les autres acteurs c'est pas gagné et d'ou le 7/10. l'interprétation à la française à encore frappé. Entre Tomer Sisley monocorde et pas crédible dans son rôle d'antihéros, Pascal Grégory et Gérald Laroche qui font mal l'accent du sud et mâche leur mot, ainsi que l'accent anglais de certains personnages, ça ne passe pas. Pour autant le film est au premier degré de bout en bout. Et du coup ça n'entache pas trop l'ensemble du métrage.
Un bon polar en soit au final magnifique, sérieux, atmosphérique, stressant à souhait. Un film à soutenir, pour qu'il y en ait d'autres de cet acabit qui puissent se faire...