Eric Valette voit les choses en grand avec ce film mêlant drame rural / social, enquête policière, narcotrafiquants colombiens et espagnols sur le territoire français et gunfights+home invasion avec séquences gores.
Et c'est bien d'avoir de l'ambition, et je n'imagine même pas les difficultés que le réalisateur a dû rencontrer pour tourner ce film. Mais cela n'excuse pas tout !
Pour traiter autant de choses en seulement 1h46, il faut être sacrément concis et efficace en terme d'exposition. Et malgré une introduction plutôt bien fichue en forme de puzzle, le film retombe rapidement et s'essouffle à peine entamé. On enfile des tunnels de dialogues inintéressants avec des flics paumés inutiles et une iconisation grossière du bad guy asiatique qu'il faudra déssouder obligatoirement. Seul le huis clos un peu tendu pourra captiver quelque peu même si on étire artificiellement le séjour de Tomer Sisley en campagne pour les besoins du scénario qui patine.
Et puis mon principal reproche vient de ce curieux mélange de genre avec une dureté sociale que l'on connaît tous si l'on a fréquenté les campagnes. Ce choix devrait grandir le film vers quelque chose de plus réaliste je pense, en intégrant intelligemment les péquenauds à la fête. Hélas, Eric Valette préfère enquiller dans le bis le plus pur avec une morale un peu douteuse quand même et assez regrettable.
Ceci étant, la fusillade tant promise reste le meilleur passage du film même si platement filmée, et expédiée un peu trop vite dans son dernier duel.
Cette dernière séquence illustre parfaitement le cinéma cher à Eric Valette. Un cinéma de genre, viril n'ayant pas peur de donner de l'hémoglobine. Je préfère donc son thriller tendu comme "La Proie" dont je garde un honnête souvenir pour un faiseur de série B comme lui. Bien loin de ce serpent aux mille facettes chaotiques.