Le Silence des Agneaux n'est pas seulement pour moi un thriller policier ; il représente la quintessence du cinéma d'horreur réaliste, par opposition aux fantastiques. C'est en cela qu'il est l'un des plus terrifiants : les personnages de Thomas Harris possèdent des profils psychologiques aussi intéressants qu'effrayants, tout en restant justes.


Outre Buffalo Bill, le grand taré de l'histoire, qui semble être une combinaison transsexuelle de Norman Bates et Leatherface, c'est bien sûr le personnage d'Hannibal Lecter, incarné par Anthony Hopkins, qui laisse généralement une marque indélébile dans la mémoire du spectateur.


En effet, malgré un temps d'apparition se résumant à 24 minutes, Anthony Hopkins fait preuve d'une présence plombante, comme s'il planait sur l'entièreté du film. Onze ans après son rôle du Docteur Frederick Treves dans Elephant Man, il conserve cette bonté et cette intelligence qui lui furent conférées, mais dans un rôle qui dénote avec la confiance qu'on lui accorde. Son interprétation lui rapportera d'ailleurs un Oscar.


Et c'est là que le film devient effrayant : La mise en scène et le charisme de l'acteur nous induisent en erreur, on fait entièrement confiance au personnage car il inspire la confiance. Bien qu'on le voit commettre des actes de meurtres et de cannibalisme, la fin qui lui est accordée est pour nous réjouissante.


Le personnage d'Hannibal Lecter exerce un contrôle sur le film : il est omniscient et omnipotent, tellement intelligent qu'il dégage une dangereuse sécurité. Il souhaite comprendre les motivations profondes de Clarice, et c'est pourquoi il fait preuve d'une honnêteté déroutante.


Clarice, interprétée par Jodie Foster qui recevra également un Oscar pour ce rôle, se fait donc scruter l'esprit par son attachant antagoniste. En dehors des scènes avec Hannibal Lecter, on ne connaît que son professionnalisme, mais face à lui passe en position de patient chez son psychiatre. Elle s'identifie aux victimes, ce qui lui octroie une certaine fragilité derrière la carapace que représente le FBI.


Cette fragilité, on la ressent tout au long du film. On adopte très régulièrement le point de vue du personnage de Clarice lors de vues subjectives éminemment immersives ou par des regards caméras qui nous font sentir concernés, voir même en danger, lorsque c'est Hannibal Lecter qui nous fixe de son regard pénétrant, son visage occupant tout l'espace du cadre pour ne laisser aucune échappatoire.


Le Silence des agneaux est probablement un des films qui m'a le plus marqué tant il est à la fois passionnant et éprouvant. Il rentre dans la catégorie des films d'épouvante en ce sens qu'il est profondément horrible, il explore la bassesse du vice humain et de la perversion, dans une froideur pragmatique qui laisse sans voix.

Monsieur_Cintre
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le 12 avr. 2020

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