Docteur Folamour
L'enfermement claquemure le corps comme s'il était dans un cercueil. J'ai négocié mon apparence pour donner le change, ils me prennent pour un homme, un petit tas de poussière. Un des leurs. Ma boîte...
Par
le 7 juil. 2014
95 j'aime
"Le silence des agneaux" fut l'un des films les plus marquants des années 90, au point de contaminer de manière durable l'imaginaire des cinéphiles comme des producteurs et scénaristes du cinéma du monde entier. L'intelligence appliquée de la mise en scène de Demme, qui est l'exemple du bon artisan respectueux de son sujet comme de son public, et la brillance de l'interprétation compensaient largement les défauts d'un sujet putassier et pas très cohérent (Les problèmes des thrillers surévalués de Thomas Harris se révéleraient plus tard, à travers les deux autres piètres adaptations de la "trilogie" de Hannibal Lecter).
Malheureusement, revoir ce "classique" presque 30 ans après sa sortie nous expose forcément à une certaine déception, le film ayant été comme annihilé par les nombreuses copies qui en ont été faites depuis, sans parler de l'impact habituel de la course hollywoodienne à la surenchère permanente, qui fait que tout "vieux" film est automatiquement dévalué, tant sur le plan technique que sur le plan "pavlovien" des réactions qu'il suscite...
On regarde aujourd'hui ce fameux "Silence des Agneaux", sinon avec indifférence, tout du moins d'un œil moins indulgent, que n'aide pas le scénario particulièrement déséquilibré, en particulier dans sa dernière partie, après le coup de force toujours plaisant de l'évasion de Lecter. C'est que beaucoup de choses sonnent faux, de la psychologie à la petite semaine de la fameuse manipulation de Clarice Sterling par Lecter, à la relation entre celui-ci et le Buffalo Bill, en passant par la manière improbable dont l'enquête progresse... On a du coup bien du mal désormais à comprendre pourquoi on a tant aimé le film, cela fait si longtemps déjà.
Plutôt qu'un Antony Hopkins, certes marquant, mais qui a été bien plus juste dans de nombreux autres films, on soulignera la subtilité et la force de l'interprétation de Jodie Foster, qui réussit, elle, à transcender le passage des années. C'est finalement le féminisme tranquille et déterminé de son personnage qui est aujourd'hui l'élément le plus sympathique du film, préfigurant les prises de position futures de la grande Jodie.
[Critique écrite en 2013, et retouchée en 2019]
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les films avec les meilleurs méchants, Les meilleures adaptations de livres au cinéma, Les meilleurs films de serial killers et Les meilleurs films de 1991
Créée
le 24 févr. 2013
Critique lue 813 fois
17 j'aime
8 commentaires
D'autres avis sur Le Silence des agneaux
L'enfermement claquemure le corps comme s'il était dans un cercueil. J'ai négocié mon apparence pour donner le change, ils me prennent pour un homme, un petit tas de poussière. Un des leurs. Ma boîte...
Par
le 7 juil. 2014
95 j'aime
-Je vous offre toute l'étude du comportement de Buffalo Bill basé sur une enquête minutieuse. Je vais vous aider à le coincer Clarice. -Vous savez qui il est n'est-ce pas ? Docteur dites-moi qui...
le 30 juin 2019
65 j'aime
54
Le Silence des Agneaux est un de ces films dont l'absence dans une collection de DVD n'est pas pardonnable. Beaucoup le vendent comme un modèle de polar. Alors intéressons nous à la légitimité de...
le 2 nov. 2013
52 j'aime
6
Du même critique
Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...
Par
le 29 nov. 2019
205 j'aime
152
Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...
Par
le 15 janv. 2020
191 j'aime
115
Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...
Par
le 15 sept. 2020
190 j'aime
25