Deux bonnes idées pour ce documentaire : s'intéresser à la dernière mort absurde d'une guerre absurde (elles le sont toutes) et avoir recours à l'animation pour combler les vides dans les documents d'époque. Et nous voilà partis sur les traces d'Augustin, la toute dernière victime d'un conflit ultra-meurtrier, tombé sous les balles allemandes après la signature de l'Armistice. Un engagé volontaire de 36 ans au début du conflit, affecté aux communications, fauché alors qu'il acheminait une convocation vraiment dérisoire tandis que les plénipotentiaires allemands avaient discuté le bout de gras avec les militaires français jusqu'à 5 heures du matin. Il a fallu attendre 11 heures pour que le cessez-le-feu soit effectif. Largement le temps de se faire massacrer. Le documentaire remonte à l'origine de l'engagement d'Augustin et s'arrête à sa mort inutile. Et interroge l'utilité de toutes les autres morts. Et celle de toutes les morts à venir dans la guerre suivante. Non, on ne peut pas dire que nos dirigeants aient vraiment brillé par leur sagesse. Les va-t-en guerre braient toujours plus fort que les gens raisonnables et pacifiques, on le sait. Et les puissants alimentent leurs richesses grâce à la soumission des humbles, à qui on raconte toujours qu'on ne pouvait pas faire autrement. Et l'éducation n'y peut pas grand-chose, dirait-on, même si elle a cessé de participer à la fabrication de la chair à canon consentante. On verra si un jour la jeunesse se cabre à l'idée de s'engager dans le meurtre de masse... ça pourrait bien arriver. Un jour. Mais bon, en attendant, il reste le scrupule d'un documentaire qui s'attache à un destin parmi tous les autres et réhabilite un inconnu fameux. A un décibel, parce qu'il faut tendre l'oreille pour saisir les basses du commentaire.