Jeux de mains, jeux de vilaine. Le Beau Danube Blues.

Je revois des bouts du film en flashbacks en souvenirs que je liste en gros vrac:

  • ___encore un si beau film que je commence au hasard sur la cinetek; je prends parfois des photos d'écran mais là, j'en avais envie toutes les scènes au début! 'Le soleil dans le filet', mais aussi sur la pellicule.
  • on ressent la présence d'un observateur avisé derrière la caméra...il voit de la beauté là où on aurait continué à marcher (en regardant son portable...)...il trouve des plans et idées qui émeuvent sans dialogues et alors que 'l'histoire' n'a pas commencé...
  • par exemple, une scène à la Doisneau (je sais c'est devenu cliché) est lorsque des enfants dans une rue étroite monte chacun sur une rangée de bidons posés contre le mur pour avoir leur tête au soleil! ^^ ...le bas du corps est dans l'ombre de fin de journée projetée/créée par le mur d'en face mais la plupart des têtes d'enfants sont au dessus de l'horizon artificielle ...ils plissent les yeux au soleil en rigolant! ^^
  • puis de beaux plans sur toits pourtant parsemés d'horribles antennes télé à l'ancienne...ces antennes fines finissent par avoir des airs d'un champ de blé ou de fougères...ou de mâts de bateaux (Grande Armada visuelle)
  • ... et au loin, derrière ces antennes, de dos, au bord du toit regardant en bas, on voit le père de Michael Douglas dans The Game sur le point de sauter dans le vide? ...ou un des anges de Wim Wenders dans Les Ailes du Désir...non, c'est juste un ado de dos, écoutant la radio et attendant sa Mado...
  • ils se désapent et bronzent sur les toits, leurs plantes de pieds noirs de suie de toit...elle en a marre qu'il s'évade avec sa radio, et la jette ...ils se disputent
  • J'ai aimé un plan sur un tableau de Manet et paysage brumeux...avant de comprendre que c'est un plan de l'intérieur sur une fenêtre carrée qui crée un cadre dans le cadre...où dans la brume matinale sur un plan d'eau apparait lentement mais surement une croix ...un X allongé...qui se révèle, pour une des barres du X, en fait un long kayak fin, et pour l'autre barre du X, une pagaie ...le tout me formant un instant ce X flottant...une paréidolie temporaire... une croix dans un carré! de loin.
  • plein de jeux de reflets, de miroirs, complétant une des listes les plus épatantes de SC sur les miroirs...notamment des reflets sur les lunettes de soleils des deux ados sur le toit...et non! j'ai pas réussi à voir les techniciens du film que je cherchais!...Lunettes à la 'Génération Perdue' de Joel Schumacher ou lunettes plutôt à la 'Lolita' de Kubrick sortie la même année!
    • ___le jeune homme du couple est photographe...passionné de mains...son mur en est plein...comme le grotte Cosquet...elles se mélangent comme les mains du peintre Escher...elles se serrent parfois comme un des plus beaux gestes de la terre quand "Deux mains fraternelles se rejoignent"(encore une liste sur SC)...
    • à 1h23, en autre paréidolie temporaire, je vois une des sculptures 'flottantes' de Calder...une sculpture virtuelle suspendue recréée dans l'univers et la dimension parallèle qu'est ce film et sa pellicule ...cette sculpture m'apparait dans le dessin que forment en fait un filet de pêche et ses ombres et ses reflets dans l'eau...il est comme à trois branches, suspendu comme une moustiquaire au dessus d'un lit (les ados quasi nus bronzent sur le ponton adjacent)...ce filet est retenu par une pointe comme une cloche à fromages/fruits...encore comme un grand X dans un carré...comme plus tôt apparaissait un canoé barré de pagaie formant aussi une croix, un X dans un grand ⬜
    • ...et quel beau ponton...si seulement un taré les listait sur SC sous une liste titrée Le meilleur des Pier, des jetées, des pontons et embarcadères...vivent les vacances!...
    • tous les jeunes ados du film sont beaux, mais tous quasi hyper maigres...à voir leurs côtes...mais ils ne cessent de croiser de plus vieux qui semblent travailler manuellement hyper dur...le duo bronze sur le ponton qui est surtout une cabane de pêcheurs flottante...ils s'en font virer par un couple de papi et mamie arrivant...lui, c'est carrément Capitaine crochet virant les enfants...il a un crochet à la place de la main virant Peter et Wendy...
    • ....beaucoup de jeux de reflets, de plan sur des reflets: dans le lac, dans la rivière (le Danube), dans le bac de développement photo, dans vitres, dans lunettes...
    • ...et encore un film, bel hommage au travail manuel...la jeunesse semble oisive comparée aux adultes, fermiers et mécaniciens...on assiste à des débats entre la jeune et l'ancienne génération; entre manuels et artistes ( ce qui rend ce film universel et intemporel car ce sont des débats actuels en famille et dans les infos)...le jeune photographe a par exemple l'air de sérieusement agacer le chef des ouvriers agricoles, surtout quand ce jeune homme s'est fait l'écho du manque d'entretien de machines qui les aideraient dans les travaux en plein soleil...comme Greta Thunberg, ce jeune homme ne fait que répéter les infos qu'un expert, un vieil ouvrier, lui a dit au sujet d'une machine à laquelle il ne manque qu'un énorme bout de bois...qu'ils porteront tous plus tard dans une belle scène où finalement le chef des ouvriers agricoles a dépassé son antipathie pour le jeune photographe...c'est l'opposition entre les réparateurs contre les velléitaires ou consommateur gaspilleurs? ...ou une Critique du Communisme?
    • ...on voit un très beau travail de l'osier (compétences tant perdues)
    • ...on voit déjà en 1962 un déjà très très très très long baiser d'ados qui rappelle celui dans le film de Riad Sattouf, 'Les Beaux Gosses'...
    • __l'éclipse de soleil rappelle la petitesse de notre existence et la leur
    • __à 1h14: très belle scène de figures à l'horizon; un taré de SC les liste sans savoir les nommer...(Liste de "scènes à l'horizon dans films, en ombres chinoises"?)
    • __très belle scène et plan sur des mains portant un tronc, porté par 3 générations et CSP différentes
    • ........................ELITHOCEK de SC me fait réaliser en com que ce film fait partie de "la nouvelle vague tchécoslovaque" et il exprime en mieux que mon texte qu'elle "diffère surtout avec la nouvelle vague française sur la question de la photographie. Alors que la française l'a un peu délaissée, la nouvelle vague tchécoslovaque a utilisée l'esthétique dans tout son potentiel. Et cette idée peut très bien être illustrée avec ce 'Slnko v Sieti'..."...ce com me fait mettre des mots en mieux sur ce que je voyais: ce sont tout à fait de jeunes personnages de la nouvelle vague française, des personnages en apparence nonchalants et pas des plus travailleurs, mais dans un écrin et film qui eux ne sont pas nonchalants et travaillés...la mise en image semble chez ce Uher plus rigoureuse et amatrice de beau que la nouvelle vague française...mais les personnages sont proches, en rupture avec les adultes plus corsetés qu'eux (vestimentairement et idéologiquement)...
    • ELITHOCEK en me donnant le titre original du film me fait aussi découvrir après que que 'Slnko v sieti' a donné son nom aux Césars&Oscars du cinéma slovaque, SI j'ai bien compris (ça manque un peu de voyelles pour un ignare comme moi ^^)
    • une de mes scènes favorites est lorsqu'un mouvement de caméra vers la gauche filme de jeunes gens remontant à l'intérieur d'un bus (pour aller au travail), pendant que finalement le bus démarre vers la droite...ce qui révèle de l'autre côté de la rue les mêmes jeunes gens mais juste des dizaines d'années plus tard, en vieillards courbés et avec cannes, regardant la vie passer du trottoir...un peu une manière originale d'indiquer le temps qui passe. (cette scène me rappelle comment Martin Scorsese filmera l'arrivée des immigrants devenant de suite appelés de l'armée dés leur sortie du bateau dans Gangs of New-York et le mouvement de caméra révèle le re-départ de leurs doubles des mois plus tard...en cercueils).

    Créée

    le 22 juin 2024

    Modifiée

    le 22 juin 2024

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