Le Sourire
6.9
Le Sourire

Court-métrage de Erik van Schaaik (2022)

L'Etrange Festival est un festival dont j'ai mis du temps à trouver mon chemin. Les propositions sont radicales, rendant majoritairement hommage au cinéma de genre et parfois underground, la programmation y est divers et parfois anarchique pour trouver quoi voir à quel instants, mais peu à peu, je m'y adapte. A la dernière édition, j'ai pu voir une dizaine de film, tous très divers et intéressants (allant de la carte blanche de Coralie Fargeat avec The Voices, à la dernière pépite de Bill Plympton, en passant par le petit plaisir pop-corn sud coréenne ou même à la déception indienne) mais malheureusement je n'ai pas encore pu me laisser tenter à la compétition court-métrage. J'ai pu me convaincre avec la dernière édition du PIFFF où j'ai pu être agréablement surpris de la qualité de certains films (notamment Prends chair qui reste l'un de mes plus gros coup de cœur du festival malgré que j'ai pu voir We are the univers) surpassant même certains long métrage, mais je dois avouer avoir laissé passer de nombreux projets pouvant être géniaux à cause d'une programmation trop intimidante en terme de proposition. Dans les plus gros regrets restent Plan-Plan Culcul d'Alexandre Vignaud ou encore Un Genre de Testament de Stephen Vuillemin (je profite de la bouteille à la mer pour caser Stuffed de Louise Labrousse, elle est passée au Festival d'Annecy en séance WTF et au Festival Fantastique de Strasbourg, si vous avez un lien ou un moyen autre de voir ces films, je suis preneur, vu que j'aimerais privilégier au maximum le circuit festival sur Paris, c'est très vite galère, surtout que j'ai pas de compte Canal+). Parmi ces courts métrages dont j'avais peur de ne jamais voir, il y avait The Smile d'Erik Van Schaaik qui avait de très bons retours et qui semblait vraiment intéressant.


Le film nous plonge dans ce qui ressemble aux années 60 (jusque qu'à la fin des années 80/90) avec une direction artistique et une animation stop motion vraiment épatante. Il y a bien sûr des soucis par endroit, notamment l'animation des personnages humains qui est très mécanique au niveau des bouches et du visage, mais il est vraiment rafraichissant de retrouver de l'animation stop motion avec une caméra mobile et proche de l'action comme pouvaient être certains courts en point de vue interne de la série Robot Chicken. On sent tout un soin méticuleux accordé aux détails qui permettent l'immersion dans le showbiz américain des années 60, que ce soit dans ses beautés ou même ses travers. Tout prend forme autour de la figure de Smile qui peut rappeler des acteurs comme Jean Paul Belmondo dans le côté star à succès "gueule de cinéma" qui peut expérimenter dans énormément de genre différents, mais aussi à travers certaines scènes, notamment sur la fin de sa vie, qui m'ont fait penser à l'Itinéraire d'un enfant gâté. A la différence de Belmondo, Smile n'arrive pas à sortir d'un archétype de personnage, rappelant des parcours tragiques qu'ont pu avoir Buster Keaton ou bien d'autres qui ont déjà été portraiturés dans des récits racontant des transitions dans l'histoire du cinéma, notamment durant la transition du muet au parlant avec des films comme Chantons sous la pluie ou Babylon. Le rise and fall devient très vite fascinant tant l'aspect faux-documentaire est poussé très loin, même si celui-ci qui peut parfois prendre des airs de Late Night with de Devil, et où les interventions et les échanges de dialogues peuvent rappeler le travail d'Aaron Sorkin dans Les 7 De Chicago.


Maintenant, on peut très vite regretter une forme d'académisme et de pudeur quant au fait de sortir du cadre du faux documentaire. Comme dit précédemment, des récits rise and fall sur des artistes qui ont mal vécu un bad buzz et/ou l'évolution du cinéma, on en a déjà vu beaucoup, et c'est on aurait peu être voulu plus de libertés et d'extravagance dans la manière d'amener le récit. Je mentionnais Late Night with the Devil, mais je m'attendais à quelque chose de plus efficace et moins attendu, et Late Night with the Devil est le parfait exemple du format found footage et/ou drame prit sur le vif qui aurait pu mieux convenir au récit qu'essaye de développer le film. Ici on est beaucoup trop sur une succession de reportages, de témoignages, et de récit raconté en voix off façon reportage télé, et le fait qu'on ne reste que dans ce format très télévisuel fait qu'on perd en spectaculaire et en dynamisme. Le film essaye tant bien que mal de rattraper le coup en montrant des extraits parfois très cru, mais celle-ci paraissent incohérentes, gratuites, et pas très pertinent si c'est pour retourner dans le format télévisuel qui rythme tout le film. A ce compte là, je pense particulièrement à une scène où Smile cherche à casser son image en (littéralement) détruisant ce qui l'a aidé à se faire connaitre, plus qu'être douloureux à regarder, je me demande si c'était vraiment nécessaire. Il n'empêche en rien le film d'être vraiment très bien réalisé, et d'être original dans le genre et dans la stop motion.


14,25/10


N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis

Youdidi
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