Une formidable découverte que je n'ai pas vu venir.

Point de folie ici, mais le film baigne dans une atmosphère étrange, à la frontière de l'absurde, de l'irréel, du rêve éveillé et de la paranoïa kafkaïenne.


Difficile d'en être certain puisque je connais encore mal la carrière du cinéaste mais j'ai l'impression que c'est vraiment un film charnière voire de la maturité tant Bellocchio maîtrise les différents éléments de son scénario et de sa réalisation qu'il déploie avec calme, assurance et retenue.
Difficile pourtant de faire plus délicat que cette intrigue à la base saugrenue qui devient tour à tour décalée et inquiétante pour se muer en une étonnante fable bien plus riche qu'il n'y parait et dont un visionnage ne suffit pas à en faire le tour.
Non seulement le déroulement de l'histoire est imprévisible, sans suivre aucune logique propre, mais en plus Bellocchio parvient à injecter à chaque scène des éléments qui parasitent son déroulement pour le tirer vers le fantastique. Ca tient à trois fois rien : une absence de transition, des ellipses, des effets de répétitions (le fameux sourire), une manière d'appréhender l'espace, d'insérer de la musique, de glisser un bref flash-forward à valeur symbolique, des lieux inattendus et des intervenants anachronique (le duel de l'aristocrate)... sans jamais surligner ses effets.


Une approche qui me touche, et me happe, bien plus efficacement que ces titres antérieurs où le cinéaste était trop écrasé par son discours pour ne pas laisser vivre son histoire et ses personnages. Ici, cet onirisme contenu ne se fait jamais au détriment de son personnage masculin (excellent Sergio Castellitto au passage), de ses thèmes et de la personnalité du cinéaste. Car sur le fond, Bellocchio n'a pas changé par rapport à son premier film et fustige toujours autant l'hypocrisie de l'église et de la bourgeoisie sans avoir pour autant besoin de recourir à la provocation ou à la démonstration théorique de l'aliénation. Ce qui me va à ravir.
Je suis donc très curieux de découvrir ses films plus récents (pas sûr de pouvoir en voir beaucoup durant cette rétrospective, ça sera en séance de rattrapage vidéo)

anthonyplu
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le 4 janv. 2017

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anthonyplu

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