Politique vaticane
Un artiste apprend que l'Eglise catholique veut canoniser sa mère. Il en ressent un étrange malaise. Une grande question se pose : pourquoi la canoniser ? Officiellement, parce qu'elle fut une...
Par
le 26 juin 2012
2 j'aime
3
Une formidable découverte que je n'ai pas vu venir.
Point de folie ici, mais le film baigne dans une atmosphère étrange, à la frontière de l'absurde, de l'irréel, du rêve éveillé et de la paranoïa kafkaïenne.
Difficile d'en être certain puisque je connais encore mal la carrière du cinéaste mais j'ai l'impression que c'est vraiment un film charnière voire de la maturité tant Bellocchio maîtrise les différents éléments de son scénario et de sa réalisation qu'il déploie avec calme, assurance et retenue.
Difficile pourtant de faire plus délicat que cette intrigue à la base saugrenue qui devient tour à tour décalée et inquiétante pour se muer en une étonnante fable bien plus riche qu'il n'y parait et dont un visionnage ne suffit pas à en faire le tour.
Non seulement le déroulement de l'histoire est imprévisible, sans suivre aucune logique propre, mais en plus Bellocchio parvient à injecter à chaque scène des éléments qui parasitent son déroulement pour le tirer vers le fantastique. Ca tient à trois fois rien : une absence de transition, des ellipses, des effets de répétitions (le fameux sourire), une manière d'appréhender l'espace, d'insérer de la musique, de glisser un bref flash-forward à valeur symbolique, des lieux inattendus et des intervenants anachronique (le duel de l'aristocrate)... sans jamais surligner ses effets.
Une approche qui me touche, et me happe, bien plus efficacement que ces titres antérieurs où le cinéaste était trop écrasé par son discours pour ne pas laisser vivre son histoire et ses personnages. Ici, cet onirisme contenu ne se fait jamais au détriment de son personnage masculin (excellent Sergio Castellitto au passage), de ses thèmes et de la personnalité du cinéaste. Car sur le fond, Bellocchio n'a pas changé par rapport à son premier film et fustige toujours autant l'hypocrisie de l'église et de la bourgeoisie sans avoir pour autant besoin de recourir à la provocation ou à la démonstration théorique de l'aliénation. Ce qui me va à ravir.
Je suis donc très curieux de découvrir ses films plus récents (pas sûr de pouvoir en voir beaucoup durant cette rétrospective, ça sera en séance de rattrapage vidéo)
Créée
le 4 janv. 2017
Critique lue 414 fois
3 j'aime
D'autres avis sur Le Sourire de ma mère
Un artiste apprend que l'Eglise catholique veut canoniser sa mère. Il en ressent un étrange malaise. Une grande question se pose : pourquoi la canoniser ? Officiellement, parce qu'elle fut une...
Par
le 26 juin 2012
2 j'aime
3
Du même critique
L'ancien assistant de Kim ki-duk revient derrière la caméra après 6 ans d'absence. Il porte à l'écran une histoire vraie, elle-même plongée au cœur d'une page sombre de l'histoire sud-coréenne soit...
Par
le 22 oct. 2017
16 j'aime
1
N'ayons pas peur des mots : voilà un chef d'oeuvre déchirant. C'est une sorte de cousin Au Feu follet de Louis Malle avec cette solitude existentielle et son personnage dans une fuite en avant vers...
Par
le 8 oct. 2014
12 j'aime
2
Devenu extrêmement rare, cette adaptation de Henry James est pourtant une merveille d'intelligence et d'écriture grâce à la structure du récit et à l"évolution de sa mise en scène au travers de ses...
Par
le 17 avr. 2017
10 j'aime