Une partie de cache-cache dans une maison remplie de pièges, ultra sécurisée, où vivent un couple de psychopathes cannibales et lourdement armés, ça vous tente ? Bienvenue dans le Sous sol de la peur, film culte, chef d’œuvre du grand Wes Craven. Si vous avez aimé Maman j’ai raté l’avion 1 et 2, et les Goonies, si vous raffolez des huis clos horrifiques et bien stressants où vous jouez au jeu du chat et de la souris avec un psychopathe, n’hésitez pas, c’est LE film qu’il vous faut.
Découverte surprenante
Voila le genre de situation que j’adore vivre. Plein de films, à regarder, aucun ne m’inspire vraiment, puis à la vu du titre de l’un d’eux, la curiosité me pousse à me lancer. Ce soir, ça sera Le sous sol de la peur, de Wes Craven. Au départ, le film ne m’inspirait pas du tout. Ca commence comme un film dramatique prenant place dans le ghetto, où nous faisons la connaissance d'un pauvre gosse malchanceux. Là, on pourrait craindre de tomber dans un film larmoyant pour les gosses. Ce ne sera pas le cas, bien qu’on ne lâche pas le fait qu’on se place dans la psychologie et « l’imagerie » d’un enfant plongé dans le monde violent des adultes. Sur bien des points, Le sous sol de la peur ressemble à s’y méprendre aux Goonies.
Une chasse au trésor, une famille menacée d’expulsion, des méchants dégénérés, des gosses maltraités. La différence entre les deux : moins puéril, plus extrême. Petit à petit, à mesure où nous avançons dans l’histoire, c’est la révélation : bon sang ce que ce film est fun ! Mémorable, voila ce que je retiendrais de cette œuvre. Du génie créatif dans toute sa splendeur. Wes Craven transpose à merveille à l’écran une sorte de conte les plus terrifiants qu’ils soient pour enfants, inventant ici une sorte de conte « urbain ». Les frères Grimm n’ont qu’à bien se tenir.
Ne vous laissez pas berner par son affiche digne d’une énième série Z (ça ne l’empêche pas d’avoir une sacrée classe), ni même par son slogan. Regarder Le sous sol de la peur, c’est passé plus d’une heure quarante d’anthologie où angoisse, rire discret, émotion et fun s’entremêlent. Combinez des œuvres cultes comme Les Goonies (la caverne au trésor remplacée par une cave où vivent des sortes de zombies gémissants), Maman j’ai raté l’avion (le gosse ingénieux, les méchants débiles), transformez le tout en version trash et vous obtenez un bijou du cinéma d’épouvante. Wes Craven au sommet de son art.
A l’intérieur des murs
Plus proche du thriller comico-horrifique que du film gore, Wes Craven réussit à lier humour, film de maison hanté, huis clos, cannibalisme, tension perpétuelle à coup de musiques angoissantes/stressantes, satire sociale et humaine, sans jamais sombrer dans l’ennui ou l’indigestion. Que ce soit la manière de gérer la caméra, les effets pyrotechniques ou effets spéciaux utilisés, le maquillage, la manière dont joue les acteurs et actrices, l’ambiance, ce petit coté effrayant où finalement c’est l’humour qui domine, Le sous sol de la peur est puissant. Le sous sol de la peur c’est une sorte de plongeon en plein dans un cauchemar de gosse prétexte à une jolie morale en fin de film.
Dans ce film, vous évoluerez aux cotés de « Tout fou », jeune afro-américain courageux, combattif, attachant, et qui a du répondant, se retrouvant face à un couple de méchants complètement tarés et déjantés. La femme est une véritable sorcière aux fausses allures de bourgeoises, quant à l’homme, c’est un ogre, un fou furieux rentrant dans une colère folle, troquant ses habits du dimanche pour une combinaison SM, armé de son fusil à pompe, tirant sur tout ce qui bouge ou fait du bruit dans les murs de la maison. De vrais tarés cachant dans leur sous sol quelque chose d’horrible. A l’étage, ce n’est pas mieux puisque vous ferez la connaissance d’Alice, jeune fille retenue contre son gré, victime de violences.
Coté planques/cachettes, vous aurez de quoi faire. A croire que tout a été pensé pour que même la chaudière soit une sortie de secours. On se retrouve alors dans cette gigantesque maison, arpentant ses longs couloirs à la fois crasseux et élégants, remarquant toutes ses pièces à ne plus savoir quoi y mettre, entendant des bruits terrifiants, tout en étant inlassablement poursuivit par deux tarés et leur chien enragé (clin d’œil à Cujo ?), devant trouver un moyen de sortir de ce lieu. Problème, fenêtres incassables, des verrous partout. Comment sortir ? On ne sait pas ce qui ce trame au sous sol, dans la maison, à l'étage, ni même entre les murs. Qui se terre dans la cave? Le sous sol de la peur attise la curiosité et l’envie d’avoir le fin mot de l’histoire, tout en tissant un lien fort entre Tout fou et la jeune Alice.
Au final, Le sous sol de la peur c’est à voir. Tantôt effrayant, tantôt décalé, tantôt touchant, une histoire originale, un film original où jamais vous ne tomberez dans une ambiance malsaine ou choquante (d’où mon incompréhension quant à l’interdiction bien trop élevée). Maitrisé sur tous les plans, bardé de bonnes idées et très bien interprété. Une des meilleures réalisations de Wes Craven. Un excellent divertissement à ranger à coté des plus grands du genre épouvante.