-Faut revendiquer nos vraies valeurs. Amour, futilité et irrévérence. Le bruit de nos rires couvrira le bruit de leurs armes.
-C'est beau, c'est de toi?
-Non, j'ai lu ça sur Facebook.
-Ah...
L'étendard c'est ensanglanté !
Le soutien-gorge est un court métrage de 15 minutes de Laurent Firode usant habilement de comédie noire inattendue. Au départ je pensais au vu des premières images me retrouver encore une fois dans un métrage moralisateur bien lourd comme on sait si bien les faires sur le vivre ensemble, le mélange des communautés, LGBT, femme libre... qui en temps normal ne me pose aucun problème lorsqu'il est utilisé avec finesse (ce qui est rarement le cas).
Finalement on se retrouve vite propulsé dans un gros n'importe quoi, certes sans jamais s'écarter de son aspect dénonciateur mais sans nous sermonner, ce qui fait une sacrée différence. Démontrer de manière plus intelligente et comique afin de laisser place à une petite comédie irrévérencieuse.
Le point intéressant et intelligent avec le scénario de Laurent Firode c'est qu'il ne vise pas qu'une seule communauté. Genre les grands méchants blancs d'un côté et les gentils Arabes de l'autre, ou les méchants Arabes d'un côté et les gentils blancs de l'autre. Tout le monde est logée à la même enseigne. Ils font tous preuve de stupidité, des mêmes craintes devant ceux qu'ils ne connaissent pas ce qui ouvre allègrement l'esprit sans la moindre crainte.
En définitive, seules les femmes dans ce court-métrage se montrent suffisamment intelligentes mais se retrouvent embarqué dans l'ignorance des hommes.
Ce que je trouve habile c'est le contexte de l'histoire qui en peu de temps réussit à en livrer beaucoup. Un couple se rend à la manifestation "je suis Charlie" et se retrouve avec une baby-sitter imposée au dernier moment en jilbeb. Cela fait peur au père de l'enfant qui finalement enverra son voisin complètement défoncé aux pétards pour aller jeter un oeil sur son fils. À côté de cela la jeune fille en jilbeb est aussi harcelé par son frère qui ne lui laisse aucune liberté ne cessant de fliquer le moindre de ses gestes.
Bien entendu ce condensé d'événement entraînera une résultante pour le moins étonnante.
Le petit casting brille tous par leur bêtise avec un David Mora (Scène de ménage) hilarant en drogué rasta ayant un gros poil dans la main surnommé "boobs" parce qu'il aime les gros seins. Juliette Tresanini et Julien Jacob les parents du petit Jules sont drôles. La belle Elma Bouthors dans le rôle de Dounia la baby-sitter se retrouve mêlée aux absurdités de son frère joué par Badis Behi, des parents du gamin (le père) et surtout de l'empoté et sympathique David Mora qui n'usera pas de beaucoup de chance.
Malgré tout Le soutien-gorge fait preuve de quelques petits points faibles notamment en passant un peu trop de temps sur sa scène d'ouverture et moins sur les conséquences arrivantes qui sont trop vite passées alors que c'est le plus drôle. Cela confère un rythme un peu lent pour la première moitié, chose étonnante au vu de sa très courte durée. Un peu plus de catastrophe avant la conclusion aurait été un vrai plus. Techniquement le métrage est un peu plat se contentant clairement de simplicité peut être pour plus de réalisme avec un son pas top. Niveau musique c'est drôle, on a droit à La Marseillaise en version remix en arrangements plus funky qui colle bien aux propos.
CONCLUSION:
Le soutien-gorge est un court-métrage qui ne marquera pas la comédie mais qui de par sa proposition irrévérencieuse (à moindre dose tout de même) s'affiche comme un moment de détente bien drôle. Chapeau à Mister Boobs David Mora qui avec sa tronche fait des merveilles. Une histoire qui ne s'attarde pas assez sur l'essentiel et qui perd en rythme se rattrapant brillamment sur sa deuxième partie.
Sympa, sympa!