Critique de Le Spectre rouge par Torrebenn
Zecca & Méliès exploraient à la même époque les mêmes thèmes, faisant de leur Cinéma un média pour la Magie ou la Danse ...
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le 22 janv. 2017
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Le spectre rouge a été réalisé par Segundo de Chomón, un réalisateur espagnol que Charles Pathé a réussi à attirer en France. Il est considéré comme son chef d’œuvre et comme un des premiers films « gothiques ». Il a été co-réalisés par Ferdinand Zecca, le réalisateur attitré de Pathé.
Pourtant, Le spectre rouge est un sous-Méliès comme Pathé en produisit à la pelle. On y retrouve son style à travers le genre retenu, celui du fantastique, ici c’est un spectre maléfique qui est le personnage principal ; à travers les décors qui n’ont pas la qualité de ceux que Méliès créait lui-même ; à travers les trucages, tous repris à Méliès : apparition, disparition ; différence de tailles entre les personnages ; apparitions de personnages animés dans des cadres. Si le style est bien là, il y manque la saveur unique des réalisations de Méliès.
Ce film a été réalisé à une époque où les films étaient encore projetés dans les fêtes foraines. Un bonimenteur expliquait les images qui défilaient et racontait l’histoire en la rendant vivante et compréhensible aux spectateurs. Ici, un spectre rouge enveloppé d’une grande cape s’amuse avec des femmes qu’il malmène de toutes sortes de façon, en les enfermant par exemple dans des fioles dans lesquelles il verse un poison. Mais un esprit de lumière vient perturber son divertissement en secourant les malheureuses. Au final c’est l’esprit du bien qui l’emporte sur l’esprit de ténèbres en le réduisant à l’état de squelette inanimé.
On peut signaler dans ce court-métrage :
- un plan rapproché, ce qui était très rare à l’époque. La caméra se tenait à distance des acteurs. S’approcher de trop près était perçu comme « impudique ». De plus, la caméra n’était pas capable d’effectuer les plans rapprochés, il fallait que les acteurs eux-mêmes s’approchent de la caméra. Le but ici est pratique : permettre aux spectateurs de distinguer dans les trois fioles les jeunes femmes qui y sont contenues et sur lesquelles le diable verse un poison. Dès que cette séquence est terminée, le spectre s’éloigne de la caméra. Cela donne un résultat assez drôle, aucun découpage n’ayant été fait : on voit l’acteur déplacer maladroitement la table avec les fioles pour s’approcher de la caméra puis refaire le déplacement en sens inverse.
- Un coq apparaît dans un cadre sur pied. Il bénéficie lui aussi d’un plan rapproché et pour cause ! Ce coq est la signature de Pathé qu’il avait eu la géniale idée de glisser dans les films qu’il produisait ! En effet, le coq est l’emblème de sa société.
Au final, ce court-métrage mérite d’être connu comme témoin du cinéma naissant et lorsqu’on connaît bien la filmographie de Méliès, il est intéressant de voir ce que ses concurrents ont cherché à faire pour l’imiter sans jamais lui arriver à la cheville ! A l’époque tout le monde se pillait généreusement, mais Méliès fut le plus pillé et copié de tous.
Le spectre rouge est visible ici: https://www.youtube.com/watch?v=3h3O5pKuEdM
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Créée
le 31 janv. 2022
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