Howard Hawks, qui était à l'aise dans de nombreux genres, réalise une comédie légère à rebondissements qui commence par un générique attirant montrant des photos de jolies jeunes femmes pratiquant du sport. Le pitch du film est assez moyen. « Une jeune femme veut à tout prix inscrire à un concours de pêche un spécialiste de cette activité. » Mais le titre et le scénario sont à double sens. Le sport en question dans le titre est autant la pêche que les femmes. Le spécialiste de la pêche, Roger Willoughby, employé à titre d'expert dans un grand magasin spécialisé, n'a jamais pêché de sa vie et a peur des poissons autres que panés. Sa rencontre avec Abigail, une jeune femme qui cherche une place dans la société, dans tous les sens du terme puisqu'elle lui pique sa place de parking, va le forcer à révéler la supercherie et révéler en même temps les supercheries de la société machiste de l'époque. Du patron de Roger à ses riches clients, tous les hommes, à part Roger, sont âgés, oisifs et ridicules, bien que pour le ridicule Roger soit un champion. Les femmes, plus jeunes et plus dynamiques, prendront bientôt leur place. Au conflit hommes-femmes se greffe donc un conflit de générations et un conflit de classe, Roger étant sous la menace d'un licenciement.
Mais l'arrière-plan sociétal n'enlève rien au plaisir de voir une comédie enlevée ainsi qu' une romance qui pourrait se dessiner entre Roger et Abigail. Le couple d'acteurs principaux, tour à tour pêcheur et prise, est remarquable en dépit des contraintes du code Hayes. Rock Hudson pour Roger, l'un des plus grands acteurs du monde à cette époque, 1m95, affronte avec humour et élégance les malices de son équipement de pêcheur, les dangers de la nature sauvage comme le passage d'un ours sur une mobylette rouge ou les quiproquos dignes du Boulevard comme l'arrivée inopinée de sa femme alors qu'Abigail est dans sa chambre en petite tenue. « C'est ça l'équipement que tu essaies ? ». Paula Prentiss pour Abigail est « étrangement attirante », maladroite, enthousiaste, imprévisible, à la fois manipulatrice et vulnérable. En dépit des coupes du montage Le Sport favori de l'Homme est loin d'être un film mineur d'Howard Hawks. Paradoxalement il est à la fois moderne par ses thèmes et nostalgique, reflet d'une époque pas si lointaine où on trouvait encore de quoi pêcher dans les rivières.