Expérimental

L'universalisme du cinéma Américain classique notamment tient en grande partie à la manière dont le récit nous est conté. Une forme de structure pyramidale comprenant successivement la mise en place de l'intrigue, le développement des enjeux dramaturgiques avant leur résolution totale ou partielle. Suite de gonflements et dégonflements en somme.

Ici comme sur "Foxcatcher", Bennett Miller prend le contre-pied de ces convenances tout en en faisant le jeu.

Billy Beane, ancien joueur de base-ball professionnel n'ayant pas eu la carrière escompté, est le manager des Oakland A's, équipe au budget dérisoire face aux mastodontes de la Ligue. Lassé de la défaite et de la manière dont le base-ball est structuré, Beane a pour ambition de révolutionner le jeu. Il fait alors équipe avec un jeune économiste statisticien afin d'établir un modèle de recrutement et gestion de l'équipe à moindre frais.

"Moneyball" n'est pas à proprement dit un film sur le sport, le cinéaste faisant peu ou prou appel aux motifs propres au genre (entraînement, suspense du match, euphorie de la victoire...). Ce qui l'intéresse davantage tient en la description de son personnage principal, le film étant entièrement vu à travers son prisme. Fait comique, le personnage ne parvenant pas à regarder le moindre match en direct, celui-ci préfère utiliser divers moyen de diffusion de l'événement (radio, télévision) privant par la même occasion le spectateur de l'action.

Car l'essentiel du projet n'est pas là mais bien dans la manière rigoureuse et rigoriste avec laquelle la psyché du personnage est décrite mettant le spectateur face à un choix, une forme d'affect totale ou un rejet pur et simple.

À ce titre, le film connaît peu de variation de rythme, le cinéaste semblant nous dire que la finalité s'efface au profit des moyens pour y parvenir.