Le Syndrome du documentariste
Il y a trois ans, Davis Guggenheim s'associait à l'ex-vice-président des Etats-Unis Al Gore dans Une Vérité qui Dérange pour alerter la conscience collective des dangers que l'homme encourait s'il ne réagissait pas face aux épreuves qu'il fait endurer à son écosystème. Un documentaire poignant qui avait la qualité singulière de se montrer aussi pédagogique que nécessaire.
Tout aussi indispensable, Le Syndrome du Titanic apparaît comme une piqûre de rappel loin d'être inutile d'autant qu'elle s'étend à la crise économique que le monde traverse en plus de la crise écologique qui fait l'essence de la démarche de notre Nicolas Hulot national. Une référence loin d'être superflue puisqu'elle nous évoque l'insouciance des passagers du célèbre paquebot quant au danger qu'ils encouraient, jusqu'à ce qu'un iceberg soit le signifiant macabre de leur présomptueuse superficialité, le luxe faisant grise mine face aux forces de la nature. Et pourtant, malgré sa durée idéale et son thème fort, le film n'évite pas les longueurs et désempare par sa sobriété formelle, à mille lieues des aventures trépidantes auxquelles le Jules Verne baroudeur nous a habitué dans Ushuaïa, les images-choc se succédant les unes après les autres au gré d'un récit peu passionnant sur la forme malgré un fond intense. Énumérer les vices de notre société de consommation avec tant de candeur et de veulerie pousserait presque au péché, celui de voyager dans des horizons autrement plus lointains que ceux qui nous sont proposés. A croire que notre paradis se trouve tout à côté.