Paradoxal pour un film qui traite objectivement de ce sujet, non ? Concrètement, "Le Tableau", c'est quoi ? Des interactions entre des personnages de toiles, les uns terminés, les autres esquissés ; des voyages à travers les différentes peintures, dans le but de retrouver le peintre créateur & lui demander pourquoi il n'a pas fini son travail.
Alors, constat primaire : c'est beau. C'est indéniable, la variété des paysages est réussie, on est envoûté par le tracé brouillon des détails peints. Mais ça s'arrête là. On a la vue du château majestueux, la forêt & sa rivière, Venise & ses danseurs, le manoir du peintre, l'atelier du peintre, le champ de bataille, & c'est tout. On s'en contente, mais il faut avouer que la recherche n'est pas très étendue, on s'attendait à plus de profondeur dans l'esprit du peintre. On peut interpréter ça comme la simplicité moyenne de l'artiste de ce monde.
L'histoire est basique, une opposition entre castes toute simple, rien de bien intéressant. Les personnages n'ont pas vraiment de charisme, on ne s'attache pas à eux plus que ça (défaut du dessin animé français en général) ; certains sont même à la limite du supportable (Ramo & son gros nez de beauf). L'aventure est très mal rythmée : certains passages psychédéliques (course-poursuite avec la "Mort", plongée de Lola hors du tableau, etc.) redonnent de l'espoir quant à l'allure molle de l'intrigue, mais ne sont que rares & paraissent intrus.
Somme toute, "Le Tableau" est honnête, graphiquement parlant (avec des ralentissements toutefois, notamment à la fin lors de la rencontre avec le peintre), mais le reste est médiocre, à la limite du pitoyable. Il s'agit en premier lieu d'une histoire moralisatrice pour enfants, afin de leur apprendre que la différence n'est pas un mal, & que c'est un "Dieu" créateur qui a désiré que les hommes ne soient pas tous dessinés de manière identique. Petite mise en abyme intéressante à la fin du film, néanmoins : quel créateur a bien pu créer le créateur ? Un microcosme dans un autre, afin d'abolir tout désir de croire pertinemment à une entité supérieure pour tout expliquer (comme le veut le Grand Chandelier).