Le Temps des bouffons par Alligator
Point au fait de l'histoire politico-sociale du Québec, c'est en non connaissance de cause que je découvre ce court métrage, diatribe politique virulente. Doux euphémisme.
D'abord, je ne situe pas bien ce qui se passe. Qui sont ces gens? Que fêtent-ils? Le narrateur vient alors à mon secours pour expliquer le spectacle. Il en a gros sur la patate et descend ces bouffons avec violence ou fermeté diront certains.
Je profite du lynchage avec joie trouvant la comparaison ironique et drôle, le ton frondeur et sincère.
Ensuite mon appréciation devient moins rieuse. Le propos se lit désormais de manière beaucoup plus mesurée. Et pour tout dire, le spectacle fait froid dans le dos. On en vient à être triste. Le spectacle du monde. L'affreuse image des inégalités sociales ne fait plus rire mais pleurer.
Et au troisième tiers du film, alors que tout a été dit, le narrateur se répète en continuant à déverser son flot d'injures. En remet une couche. Et transforme son expression politique, a priori tout à fait sensée et justifiée en une satire de son propre discours. Le ton se révèle plein d'amertume. Quelque chose dans le rythme et la pose de la voix affiche une aigreur qui en devient presque nauséeuse. Une sorte de "trop plein" d'insultes qui caricature tout ce qui avait été dénoncé, qui altère le discours jusqu'à lui donner une teinte revancharde passionnelle et quasi irrationnelle. C'est dommage. Sur le fond je serais plutôt enclin à soutenir e type de dénonciation. Qui ne le serait pas? C'est naturellement une position évidente. Du moins je l'imagine. Mais l'excès de la forme annihile presque toute chance au film d'avoir une portée finalement performante. Vraiment dommage... quelques minutes de trop et des redites pas nécessaires.
M'enfin, je dis ça mais je ne connais pas non plus le contexte dans lequel ce film a été tourné, ni quels sont les destinataires (si même le film a vocation universelle), etc.