Quand on vénère comme moi le diptyque d'Yves Robert et qu'on a une affection profonde pour l’œuvre de Pagnol, j'ai le sentiment qu'on ne peut qu'être déçu par ce Temps des secrets. Rempli de clins d’œil ou de références évidentes au diptyque, on est obligé de faire la comparaison. Et Dieu qu'elle est défavorable au film de Christophe Barratier !
En très court, c'est Pagnol et la Provence pour les Parisiens. Quelle caricature grossière ! Les accents forcés (ou inexistants, par moments.... sans doute avaient-ils honte, à la longue, de singer aussi mal l'accent chantant provençal). Aucune empathie pour les personnages, jeunes ou vieux. Aucun ressenti de la moindre crédibilité de Tonquédec en Joseph Pagnol. Demaison ne démérite pas en oncle Jules, et essaie de faire rire ou sourire, mais ciel qu'il est loin de Didier Pain ! Et idem pour Mélanie Doutey, pas foncièrement mauvaise, mais si loin, ô si loin de la douce fragilité de Nathalie Roussel !
Ajoutons à ça des débilités venues tout droit de 2022 et importées en contrebande dans le récit, comme le combat féministe des deux sœurs ou la romance frelatée avec la boulangère, et la coupe est pleine, n'en jetez plus ! Que notre époque merdique garde ses propres fatuités !
Allez, je garde quelques points par charité ou par lâcheté, il y a bien quelques belles images de la vraie Provence, cela oui. Et un ou deux accents qui ne soient points contrefaits (celui de Lili en particulier, et de Lagneau, je crois).
Comme bonus et pour me faire pardonner la sèche sévérité de ma critique, je partage aux aimables lecteurs une archive à laquelle je ne peux m'empêcher de penser, en contrepoint : https://www.youtube.com/watch?v=90y-7uKql0g